A force de battre la campagne contre un projet cohérent mais peu conforme à notre histoire, à force de dénoncer le caractère d’un homme, on a pu se poser la question de savoir si la mobilisation de l’électorat de gauche et de l’électorat populaire pour les propositions du parti socialiste pourrait un jour se faire.
N’ayons garde d’oublier que la campagne présidentielle de 2007 avait montré, capricante candidate oblige, que Mme Royal n’avait pas su y parvenir. Or on parlait alors d’élection imperdable !
Il est vrai que la principale intéressée n’a pas cru devoir procéder à l’autocritique pourtant nécessaire en pareille occasion et que cette increvable communicante a des exigences pour participer à la campagne actuelle de son parti ; on ne voit pas bien à vrai dire, au nom de quoi. Les 17 millions de voix régulièrement invoquées à l’appui de prétentions renouvelées et quasi permanentes, ne sauraient lui être attribuées à titre personnel que dans une société ayant atteint le niveau zéro de la politique, celui où la personne l’emporte sur ce dont elle est par principe investie.
Le nécessaire effort pour un projet de gauche
Les exigences d’un véritable projet de société alternatif à celui que veut imposer sans ménagement, crise ou pas, le candidat de la droite réunie demeurent donc.
Nous persistons à dire le candidat de la droite réunie, car ce serait jobardise, les institutions de la V° étant ce qu’elles sont, de parler de manière pertinente dans le cas de M.Sarkozy, d’un président de tous les Français . Peut-être de tous les Français du cac 40, y compris si certains, en mauvais citoyens qu’ils sont, résident à l’étranger, au moins « fiscalement » !
L’alternative avec le centre a-t-elle un sens?
Les chantres zélés d’un rapprochement avec un centre si souvent introuvable voudraient nous faire croire que l’opposition droite/ gauche est archaïque et stérile ; en particulier en temps de crise ! Discours d’ailleurs valable à droite aussi.
C’est faire peu de cas des revendications des salariés, des besoins des plus faibles, des droits de tous.
Il est difficile de conclure des politiques conduites depuis un quart de siècle, que les préoccupations et les objectifs des élus de gauche et des élus de droite sont les mêmes ; alors de deux choses l’une, ou bien la gauche alliée au centre biaiserait avec ses électeurs, ou bien aujourd’hui la liquidation de ces catégories politiques signifie qu’il n’existe plus de référentiel intellectuel prônant l’émancipation des « petits, des obscurs, des sans grade » !
Que deviennent alors nos principes républicains, d’égalité , de liberté et de fraternité ?
« C’est beau, c’est grand, c’est généreux, la France » disait Charles De Gaulle : la générosité suppose le sens de la justice, autrement dit la volonté d’accomplir ou de permettre la réalisation des idéaux qui ornent les frontons des bâtiments officiels et des mairies.
Le sens de la justice, c’est-à-dire le principe moral qui doit régir les rapports des hommes et non pas ce que délivre une autorité dont la légitimité pourrait d’autant plus facilement être remise en cause, qu’elle se soucierait peu du principe d’égalité.
Disons le sans peur d’être contredit : la conception de la justice par exemple n’est pas la même à droite et à gauche et les 17 ou bientôt 18 lois sécuritaires votées depuis 2002, sont à peu près toutes, par un biais ou par l’autre, n’en déplaise au Conseil constitutionnel ou à Manuel Valls, porteuse de graves atteintes aussi bien à une conception des droits de l’homme héritée des Lumières, qu’à une lecture non partisane de textes européens .
Quant à l’état de nos prisons, il est si honteux qu’on se demande encore comment les hommes et les femmes politiques de notre pays osent se promener impunément en dehors de l’hexagone ! Soit, un parquet docile évitera à quelques chefs d’Etat corrompus et corrupteurs d’y séjourner, mais cela n’a rien de rassurant !
Abus de pouvoir ?
Sur des questions fondamentales, il est arrivé que droite et gauche votent ensemble : ce fut le cas pour la loi organique relative aux lois de finance, la LOLF, qui mit fin aux principes quasi bicentenaires de l’annualité, de la spécialité et de la sincérité des budgets pour les remplacer par un pseudo renforcement du contrôle parlementaire et par des programmes dignes des objectifs d’une entreprise à la conquête d’un marché .
Que nos parlementaires aient voté d’un cœur léger cette loi qui modifie substantiellement l’essence même de l’Etat en dit long sur l’état de la pensée politique en France, mais c’est ce type de rapprochement de la droite et de la gauche que les partisans du recentrage donnent en exemple à suivre.
A l’aune d’une telle réussite, présentée comme le type de la modernisation nécessaire de notre société, de notre Etat et de nos institutions, le pire est à craindre .
Et il ne faut dès lors pas s’étonner que sur des questions comme la laïcité, les services publics, la défense, la construction européenne, la politique de santé publique, l’éducation nationale, l’intégration des jeunes, l’aménagement du territoire, le développement économique, le code du travail, la culture aucun débat, contradictoire et approfondi, n’ait eu lieu depuis 2007, ni au parlement, ni pendant les diverses campagnes électorales, soit que de tels débats eussent mis en évidence des désaccords sur une conception de fond de la société et de la politique, soit qu’ils eussent au contraire fait apparaître trop de convergences.
Dans un cas, le rapprochement avec le centre (la première porte à droite disait Edgar Faure, fin connaisseur), devenait inopportun et dans l’autre carrément impertinent.
Il est plus commode de s’opposer aux rodomontades tranche-montagne de la droite, par des discours aussi peu nuancés, par des kyrielles d’amendements ou par des coups médiatiques, avec chants …ou rideaux !
Il est surtout plus délicat d’impliquer la population, citoyens , électeurs, le souverain donc, dans ces débats et parler de démocratie participative n’implique pas nécessairement qu’on souhaite la pratiquer vraiment.
Nous avons la faiblesse de croire qu’il serait convenable qu’elles fussent gagnées avec des idées et un projet de gauche.
Et que cela est possible avec le PS tel qu’il est …
C’est–à-dire explosé, en reconstruction, avec tous ses démons non exorcisés… Suffit de regarder les listes de candidats : amis d’un tel ou d’une telle, une minorité déterminée à travailler constamment à Strasbourg ou Bruxelles… Comme à droite : des exilés temporaires, des serviteurs remerciés aux frais des contribuables « européens », des jeunes en « formation »… en attendant mieux ? Plan de carrière et ambitions…
Même ainsi donc.
La presse a malicieusement mis en évidence quelques différences dans la traduction française du projet européen du PSE par rapport au texte adoptée par les partis des 27 pays de l’UE.. Il est assez significatif de l’intérêt et de l’engagement du PS que l’original de ce texte n’ait pas été rédigé en français ; la langue de Descartes est pourtant particulièrement précise…
L’accentuation de la dimension « sociale » de l’Europe dans cette traduction doit être cependant prise comme la preuve que notre parti a compris que la reconquête de sa crédibilité passait par sa capacité à convaincre de son ancrage à gauche !
Et c‘est bien entre 2009 et 2012 qu’il pourra, par sa force à Strasbourg, rétablir en France une image positive.
Il est trop facile aujourd’hui à M. Sarkozy , en charge des affaires, de jouer les hommes d’Etat à moindre frais, face à un parti, dépourvu, non pas d’un leader naturel, mais d’une orientation portée par la population touchée par la crise.
Chevènement appelle à voter « blanc ou nul », « cette élection à un Parlement fantôme est un trompe-l’œil »…
Autant on peut lui accorder qu’une majorité de politiciens français, droite, centre et gauche mêlés, a bafoué la volonté du peuple qui en 2005 avait voté Non au référendum, autant on doit aussi bien dans les instances européennes dont le Parlement français passe l’essentiel de son temps à transcrire la législation , que dans les instances politiques nationales en s’appuyant sur un électorat redevenu confiant, précisément tout faire pour éviter que cette trahison manifeste puisse se renouveler.
C’est à ce prix que la démocratie pourra continuer d’être crédible.
Il faut en convaincre les Français et pour ce faire d’abord, s’assurer que le PS est uni dans ce but.
Ceux qui ne pensent qu’à leur destin personnel et à 2012, n’ont pas besoin d’un Parti Socialiste mais seulement de l’étiquette qui permet de faire croire à une opinion manipulée qu’ils le sont, socialistes.
----------------------------------------------------------------
Actualité marseillaises
Les organisations nationales
CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO, FSU, SOLIDAIRES, UNSA
Ont pris acte ensemble au niveau national :
- de la mobilisation du premier mai, dans la continuité des journées du 29 janvier et du 19 mars, supérieure en nombre aux manifestations habituelles.
- de l’entêtement du gouvernement et du patronat à rester sourds aux revendications des salariés face à la crise, sur l’emploi, le pouvoir d’achat, la défense des services publics.
- de la nécessité de poursuivre dans l’unité les mobilisations qui permettent l’expression par le plus grand nombre de l’urgence de ces revendications.
Elles proposent une journée d’actions décentralisées le 26 mai et une grande journée de manifestations le 13 juin.
Les Unions Départementales
CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FSU, SOLIDAIRES, UNSA
Font le même constat : à Marseille, comme dans d'autres villes des Bouches du Rhône, les salariés ont fait le choix de répondre beaucoup plus nombreux que d’habitude aux appels unitaires.
Dans le même temps, de nombreux secteurs et entreprises, comme au niveau national, défendent becs et ongles leurs emplois (Microélectronique Rousset, Sidérurgie de Fos, Réparation Navale,etc…), ou leurs conditions de travail en lien avec la sauvegarde des services publics essentiels (Université-Recherche, Santé, Energie, Services Postaux,…) la plupart du temps dans l’unité de leurs syndicats.
La nécessité de maintenir l’unité de toutes nos organisations s’impose pour que toutes et tous les salarié(e)s puissent exprimer avec force leur mécontentement. Cette unité dans l’action se concrétise déjà et doit continuer à progresser à la base, dans les entreprises en lutte, dans les secteurs qui se mobilisent. Elle est la condition du succès pour ces secteurs et ces entreprises comme pour la lutte générale de l'ensemble des salariés pour leurs revendications
C’est dans cet objectif, et pour contribuer au rapport de force national, que les Unions Départementales appellent à nouveau les salariés du département à se réunir dans l’action :
--------------------------------------------------------------------------------
Le 26 mai, Nouvelle mobilisation avec manifestation - 10h30 -Vieux Port
Le samedi 13 juin, en élargissant la mobilisation pour construire un nouveau rapport de force national qui doit contraindre le gouvernement à entendre les revendications et à changer sa politique.
Nos revendications sont justes, elles sont possibles, elles ont le soutien du plus grand nombre.
Nous avons le devoir de les imposer.
Augmentation des salaires, des pensions, des allocations
pour faire face à la crise, dont nous ne sommes pas responsables.
Arrêt des licenciements
alors que nombre d’entreprises font des profits
et rémunèrent de manière scandaleuse leurs dirigeants.
Défense des services publics et maintien d’une protection sociale de haut niveau
pour une meilleure répartition des richesses,
pour garantir l’égalité des citoyens, la solidarité et la démocratie .
commenter cet article …