Si ces trois événements n’ont aucun lien entre eux et ont des motivations très différentes, ils n’en attestent pas moins de la montée d’une violence qui n’a plus de limite. S’agissant de jeunes scolarisés, c’est l’ensemble des élèves et de la communauté éducative de ces établissements qui ont été extrêmement choqués.
Le bureau national du SNETAP-FSU condamne ces actes odieux. Il adresse aux familles des victimes ses sincères condoléances, assure les personnels de son soutien dans cette douloureuse épreuve et tient à leur adresser ce message de solidarité.
Préparation du 1 er mai
Compte rendu d'une réunion interprofessionnelle
CFDT, CGT, UNSA, Solidaires et FSU étaient présents à la réunion interpro du 6 avril pour préparer le 1er mai. FO a décliné l'invitation, la CGC et la CFTC n'ont pas répondu.
Chacune des organisations a souligné la particularité de 1er mai 2012 en raison de la crise et des questions sociales qu'elle pose (notamment sur l'emploi, le pouvoir d'achat et la protection sociale) et de la période électorale.
Toutes les organisations présentes ont exprimé l'importance d'arriver à faire un 1er mai unitaire.
Un projet de texte a été mis en route. Il a été convenu d'une nouvelle rencontre le 16 avril prochain pour éventuellement prendre en compte la situation liée aux accords "compétitivité" ("accords de sauvegarde et de l'activité de l'emploi") qui ont lieu le 13 avril à savoir comment se positionneront chacune des confédérations sur ces accords.
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Résister à la Dictature de la Finance –
Reconquérir la Démocratie et les Droits Sociaux !
Déclaration politique & actions coordonnées – JSC 2012
D’où nous venons
1. L’année passée, la JSC posait son diagnostic de la crise. Elle mettait en évidence le caractère systémique de celle-ci : financière, économique, sociale, écologique et politique. Cette crise montre l’échec d’un modèle de développement et de deux décennies de néolibéralisme. La JSC dénonçait aussi le caractère néolibéral de la réponse des gouvernements. Les manifestations européennes (comme celle du 29/9/2010) n’avaient pas réussi à inverser le rapport de forces.Nous allons donc continuer à construire ce rapport de forces, par tous les moyens et en alliance la plus large possible avec les acteurs sociaux : syndicats, ONG, intellectuels, politiciens.
Nos constats aujourd’hui
2. L’année qui s’est écoulée a connu une accélération de la crise en Europe. Les sommets européens se multiplient, mais échouent à atteindre leurs objectifs annoncés, à savoir « restaurer la confiance des marchés financiers » et résoudre la crise de la zone euro. Une seconde crise bancaire s’amorce en Europe ; les politiques d’austérité menées conjointement dans tous les pays sont en train d’aboutir à une récession généralisée, voire en Grèce et dans d’autres pays, à une véritable dépression. La dette publique, le chômage, la pauvreté et les inégalités y augmentent à une vitesse alarmante.
3. La leçon qu’en tirent les dirigeants européens, ce n’est pas que les politiques d’austérité sont socialement destructrices et économiquement suicidaires, c’est qu'elles ne vont pas encore assez loin. Depuis un an, les dirigeants européens travaillent sur le chantier de la « gouvernance économique » et font preuve d’un activisme institutionnel sans précédent. Par couches successives, les dirigeants européens veulent rendre l’austérité plus forte et plus irrévocable. Après l'adoption discrète du "Six Pack" qui introduit le vote à la majorité inversée, le principe de la "règle d'or" budgétaire, inscrit dans le "Two Pack", est en cours d'adoption dans le plus grand silence. Deux traités dangereux liés l'un à l'autre sont en cours de ratification (le traité sur le mécanisme européen de stabilité et le traité budgétaire). Ce dernier durcit les règles et procédures budgétaires adoptées ou en cours d'adoption et les rend encore plus contraignantes. Aux dires de Madame Merkel, « l’objet du pacte budgétaire est d’insérer des freins permanents à l’endettement dans les législations nationales. Ces freins auront donc une validité obligatoire et éternelle ! ». Le président de la Commission, J.M. Barroso, parle d’une « révolution silencieuse ».
4. L’accélération de l’agenda européen révèle que la crise change de nature. La gouvernements et les instances européennes profitent du choc de la « crise de la dette souveraine » pour redessiner l’économie européenne selon une vision néolibérale et monétariste radicale. Selon cette vision, les leviers économiques (monétaires, budgétaires, salariaux…) devraient être de plus en plus placés hors de portée des parlements et des citoyens, ceux-ci étant a priori jugés incapables de faire les bons choix ; à l’encontre de toute idée démocratique, ils veulent confier le gouvernement aux technocrates (BCE, Commission, FMI…) et à d'aveugles règles antisociales (pacte de stabilité, gouvernance économique, règle d’or, MES …). Avec la gouvernance économique, les néolibéraux sont en passe de réaliser leur rêve : une politique économique ancrée dans les Constitutions et soumise à la logique des marchés et aux intérêts des détenteurs de
capitaux. Dans ce cadre, la Cour Européenne de Justice qui, dans plusieurs arrêts a déjà soumis le droits des personnes aux « libertés économiques » est amenée a jouer un rôle encore plus important, devenant la juge suprême des politiques budgétaires des états.
5. Les changements décrits ci-dessus résultent en particulier des liens étroits qui unissent le pouvoir économique des Multinationales aux pouvoirs financiers et aux pouvoirs politiques de l'UE et des gouvernements nationaux. Ces multinationales jouent un rôle majeur dans la destruction des droits sociaux et syndicaux (négociation collective, liberté d'action syndicale, conditions de travail, protection sociale, combat contre la pauvreté et l’exclusion sociale, inégalités ...), dans la baisse des salaires et de la part salariale dans le PIB (que la nouvelle surveillance économique, avec le contrôle des « coûts salariaux unitaires » va aggraver) et dans le précarisation des emplois (retour du travail journalier, explosion du travail temporaire, faux indépendants ...)
6. Les politiques d'austérité, en détruisant les services publics et sociaux, frappent tout particulièrement certain-es citoyen-nes, parmi d’autres:
1. les femmes, qui occupent les emplois les plus précaires et assument l’essentiel du “travail de reproduction sociale” que les politiques d'austérité re-transfèrent massivement vers la sphère domestique
2. les jeunes, qui souffrent d'un taux de chômage très élevé;
3. les migrant-es, qui subissent racisme et répression, et dont les droits humains et de travailleurs sont menacés.
7. Dans notre combat historique pour la démocratie, nous sommes confrontés depuis de nombreuses années à un processus de concentration et de confiscation du pouvoir. Les évolutions de ces deux dernières années précipitent le passage vers l’oligarchie, avec y compris la nomination de technocrates issus du monde bancaire à la tête de gouvernements ! Nous sommes favorables à l’unité des peuples européens. Mais nous constatons que le projet de l’UE est de plus en plus dominé par un petit nombre de dirigeants nationaux et européens, agissant en fonction des intérêts d’une élite financière et économique. Nous dénonçons la corruption organisée et l’inertie volontaire des gouvernements vis-à-vis de la fraude et des paradis fiscaux. Cette Europe-là ne peut qu’échouer et favorise la résurgence de nationalismes xénophobes et de lois liberticides.
Que faire ? Nos alternatives…
8. La JSC réclame un arrêt des politiques d’austérité – les droits sociaux et les services publics doivent au contraire servir de base à un modèle de développement - et une autre approche de la question de la dette. L’adoption de politiques d’austérité en période de grande crise économique est le pire des choix politiques. Elle entraîne une énorme souffrance sociale sans apporter aucune réponse aux problèmes économiques qui ont provoqué la crise.
9. Nous estimons que le principe même du remboursement de la dette doit être questionné. Celui-ci ne peut en aucun cas primer sur la souveraineté des Etats, le bien-être des populations ou la préservation de l’environnement, comme c’est le cas actuellement dans les pays soumis au diktat de la Troïka (BCE, Commission, FMI) et du Conseil Européen. Nous réclamons dans tous les pays européens un audit de la dette publique sous contrôle citoyen pour évaluer la part de la dette qui est illégitime et dont le remboursement et la charge ne doivent pas reposer sur les populations. Dans les pays européens les plus endettés, nous demandonsd'abord de stopper l'hémorragie du service de la dette, au besoin par une suspension des remboursements ou toute autre solution favorable aux intérêts des peuples.
10. La question de la dette pose avec encore plus d'acuité celle de la fiscalité. Nous réclamons une stratégie fiscale concertée au niveau européen et favorable aux citoyen-nes : accroissement de l’impôt des sociétés et des hauts revenus ; taxation de la fortune ; taxation de toutes les transactions financières pour collecter des revenus et freiner la spéculation ; lutte coordonnée contre la fraude et l’évasion fiscale.
11. La politique monétaire devrait jouer un rôle essentiel de protection des Etat vis-à-vis du chantage des marchés financiers et des agences de notation. Le statut et les missions de la BCE doivent être revus. Le soutien à l’emploi de qualité et à l’investissement (notamment ceux nécessaires à la transition écologique et à la protection sociale), le contrôle efficace des opérateurs financiers, la protection des Etats contre la spéculation financière..., doivent rentrer dans les missions de la BCE, au même titre que la stabilité des prix. La BCE et les banques centrales nationales doivent pouvoir prêter aux Etats sous contrôle
démocratique européen1. L’indépendance de la BCE doit être remise en question.Dans l'immédiat, l'action de la BCE doit être orientée vers la création d'emploi de qualité et les services publics.
12. La négociation collective constitue un élément central de la démocratie. Depuis deux décennies, on assiste à un démantèlement de la négociation et de l’action collectives. Le dogme de la compétitivité pousse tous les pays à réduire les droits sociaux et syndicaux, à limiter la liberté de négociation et d’action collectives. Le chantage à l'emploi dont les multinationales usent et abusent pour forcer les travailleurs à accepter la réduction de leurs droits et la dégradation de leurs conditions de travail n'est plus tolérable ! Nous réclamons une harmonisation sociale par le haut de tous les pays européens. Les pays qui accumulent des excédents commerciaux par des politiques de dumping social doivent être rappelés à l’ordre.
13. Historiquement, une part de la prospérité de l’Europe a reposé sur l’exploitation des richesses et du travail du reste du monde, du Sud en particulier. Les politiques commerciales de l’UE contribuent à maintenir cette exploitation. Il est possible de définir un autre mandat pour la politique de commerce extérieur. Nous soutiendrons l’alliance qui se constitue en ce sens, et nous nous opposons aux accords de libre échange en cours de négociation, qui ne sont favorable qu’au big business, pas aux peuples du Sud ni aux peuples d’Europe.
14. Nous réclamons un nouveau modèle de développement écologique, industriel, social et démocratique :
1. Dans la décennie à venir, nos économies et nos sociétés seront forcées de se transformer pour s’adapter à la raréfaction du pétrole, pour sortir du nucléaire et pour prévenir une catastrophe climatique. Il faut profiter de cette crise, non pour remettre en selle un néolibéralisme nocif et dépassé, mais pour opérer un changement radical de nos structures économiques et de la manière dont nous consommons ;
2. les technologies numériques, qui sont en train de transformer profondément nos sociétés, permettent de concevoir un nouveau modèle de production, qui pourrait être basé non plus sur la compétition et le consommation, mais bien sur une économie de la contribution entre acteurs;
3. Un nouveau modèle social doit nécessairement être fondé sur la satisfaction prioritaire des besoins sociaux, avec le développement d'une protection sociale de haut niveau et de services publics (enfance, santé, logement, éducation, dépendance …)
4. Nous souhaitons entamer une réflexion sur des alternatives démocratiques à l'échelle de l'Europe, exigences portées dans les mouvements et luttes qui se développent aujourd'hui.Nous voulons opposer ce renouveau démocratique au traité sur le “pacte budgétaire”, et au pouvoir énorme des multinationales et de leurs lobbys sur les institutions européennes.Ce nouveau modèle démocratique doit évidemment affirmer l'égalité entre femmes et hommes.
1 ˇ Cela est dès aujourd’hui possible car l’alinéa 2 de l’article 123 du TFUE permet que les établissements publics de crédit soient refinancés par la BCE ou les banques centrales nationales.
Les campagnes et actions à mener
15. Avec la crise actuelle, le néolibéralisme a subi une défaite théorique et économique. Celle-ci ne s’est pas traduite, jusqu’à aujourd’hui, par une défaite politique. Ni la crise, ni les mobilisations massives dans les pays les plus touchés par la crise n’ont à ce jour porté au pouvoir des gouvernements résolus à inverser le cours de ces politiques ; c'est pourquoi nous avons d'urgence besoin d'une convergence transnationale de nos luttes
16. Nous ne pourrons remettre en cause cette nouvelle pensée unique qu’en faisant la preuve de notre capacité d’action. Nous le disions déjà l’an passé « Face à des pouvoirs politiques très bien articulés, notre action politique et sociale a trop souvent souffert d’approches « étanches » entre les 2 niveaux de pouvoir (européen et national). […] un point central de notre approche est donc que pour tous les enjeux nous voulons une approche d’emblée « bi-level », tant pour l’analyse que pour la réflexion. » Nous passons donc des paroles aux actes : l'assemblée de la 2ème JSC a décidé de soutenir les actions ci-après, qu'elles soient initiées par nous ou par d'autres mouvements sociaux, et d'appeler d'autres à les rejoindre.
Actions et campagnes prioritaires pour 2012
Remarque introductive : la JSC propose des actions et campagnes prioritaires aux organisations qui la composent. Il va de soi qu’elle ne demande pas à chacune de s'engager dans chacune des propositions.
1. La gravité de la situation amène la JSC à un appel à la convergence des forces européennes dans leurs luttes pour le progrès. Nous avons besoin de refonder un nouvel espace public européen. L'absence d'une alternative claire et d'un espace de mobilisation freine les mobilisations à l'échelle européenne. C'est pourquoi, aujourd’hui, avec plusieurs organisations et mouvements sociaux, intellectuels, et des représentants de la gauche européenne, nous proposons aux forces vives européennes de poser les premiers jalons d'un Alter Summit, dans un processus ouvert à toutes les forces qui veulent un changement profond de l'UE.
2. Nous nous impliquerons activement dans une série d’actions immédiates en vue de faire avancer les objectifs qui sont les nôtres :
1. le 7 avril lors de la rencontre euro-méditerrannéenne des campagnes sur les audits citoyens de la dette ;
2. la rencontre CEO-TNI des 5 et 6 mai à Bruxelles ;
3. les 17-19 mai à Francfort pour réclamer le changement du statut et des missions de la BCE ;
4. lors de la journée globale d’action du 20 juin, dans le cadre du sommet des peuples Rio +20, pour construire la résistance au néolibéralisme vert ;
5. le Subversive Forum de Zagreb du 13 au 19 mai
6. dans la campagne d'EPSU (qui sera lancée officiellement le 24 avril) et des mouvements de l'eau, pour faire de l'eau un bien commun (le paradigme des biens communs !)
7. le Global Action Day le 20 juin en relation avec le sommet des peuples Rio+20, en résistance au « capitalisme vert » ;
8. unrassemblement à Athènes en septembre
9. le projet Firenze 10+10 en novembre
3. Nous développerons ou soutiendrons des campagnes transnationales sur les thèmes suivants :
1. audits citoyens de la dette, avec un accent particulier sur l’impact de la dette pour les femmes.
2. campagnes de mobilisation contre la ratification du Pacte budgétaire par les parlements nationaux, y compris, dans les pays où c’est possible et utile, via des référendums ;
3. campagne sur la répartition des richesses (coordination européenne des salaires, et instauration d'un revenu minimum européen) ;
4. transformation du rôle de la BCE : prêts aux États, à taux très bas et sous contrôle démocratique européen afin de développer l’emploi et les services publics, satisfaire les besoins sociaux et entamer la transition écologique ; rachat par la BCE, sur le marché secondaire, du stock de dette qui n’aurait pas été annulé.
5. campagne pour la justice fiscale et contre la fraude fiscale, en lien avec la journée d’action sur ces thèmes prévue en 2013 ;
6. campagne contre la corruption (y compris explorer l'idée d'un « audit de la corruption »)
7. campagne contre les Accords de Libre Echange et pour un autre mandat pour la politique commerciale de l'UE ;
8. campagne en défense du droit fondamental à des services de santé publics et universels
4. Nous proposons la mise en œuvre de comités unitaires citoyens dans toutes les villes européennes, regroupant des militant-es, des féministes, des mouvements de jeunes, des syndicalistes, des ONG, des « Indigné-es », des représentant-es politiques, en vue de résister aux attaques de l'UE, et de bâtir un mouvement massif de solidarité avec la Grèce et tous les peuples en lutte contre l'austérité – sans oublier les pays d'Europe Centrale et Orientale, frappés les premiers par l'austérité sauvage.
5. Nous défendrons le droit à l'action collective en Europe.Pour cela nous travaillerons sur la révision de la directive « travailleurs détachés », et nous nous opposerons à l’adoption de la proposition de règlement Monti II, qui constitue une atteinte majeure aux droits sociaux et au droit de grève :
1. par une sensibilisation des parlementaires européens ;
2. en réfléchissant à l’opportunité de recours juridiques contre Monti II et toute autre attaque contre nos droits.
6. Nous créerons un outil de communication pour préparer l’Alter Summit, pour faire circuler l’information sur les campagnes que nous menons ou que nous suivons, pour tirer la sonnette d’alarme sur des attaques anti-sociales et anti-démocratiques dans nos pays, notamment les destructions de la négociation collective.
Sur tous ces thèmes, une série de questions ont été approfondies dans les carrefours : il y a des acquis importants et des débats qui demandent encore des approfondissements. Elles feront l’objet d’une publication complémentaire.
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