L'Europe sociale est bien partie...
ou les nouvelles aventures du plombier polonais!
On ne reprochera pas à Pascal Lamy d’apprendre tous les jours dans son métier de directeur général de l’OMC. C’est l’un des avantages des fonctions de pouvoir, qui n’ont strictement rien à voir avec un «travail» et qui donc n’ont qu’un lien artificiel avec un système de retraite pourtant inspiré de celui des salariés.
On lui saura même gré de rappeler que c’est à l’Europe de penser « à sa place dans le monde à l’horizon de vingt ou trente ans », même si son affirmation gagnerait en crédibilité s’il était avéré que l’Europe peut exister comme structure politique habilitée à décider légitimement de l’avenir commun d’Etats-nations, sans consulter les peuples sur la nature ou la forme de cet avenir.
Le dernier avatar prévisible du traité de Lisbonne montre que ni la prévoyance ni le souci de légitimité ne guident les dirigeants actuels des gouvernements de l’Union.
Mais là où M. Lamy a tendance à prendre les citoyens pour des «sots», s’il nous est loisible de reprendre la litote fabiusienne à l’égard des catholiques vus par M. Sarkozy, c’est lorsqu’il précise: « Ce qui compte, ce n’est pas le lieu où les biens sont assemblés, c’est le lieu où la valeur ajoutée est produite»...
Après l’épisode Ryanair à Marseille et la proposition du sénateur-maire de Marseille de calquer le droit du travail français, déjà bien délabré, sur ce qui, de fait, serait une nouvelle directive « Bolkenstein », l’absence de confiance envers les individus que des accidents répétés de l’Histoire ont mis aux affaires, est de rigueur!
Il est vrai que nous en sommes arrivés là, faute de citoyens.
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Communiqué de l'intersyndicale de la Culture
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Petit rappel d'exploits passés de M.Woerth de Chantilly...
Cet article a déjà été publié dans ce blog. Il vise simplement à rappeler qu'avant d'être pris la main dans le pot de confiture, M.Woerth dans ses fonctions ministérielles précédentes, n'était pas un farouche défenseur de l'intérêt général ni un soutien solide de la Fonction publique.
Le personnage en question est ministre du budget et il a trouvé une vache à lait pour emplir les caisses de l’Etat: les milliardaires qui planquent des revenus dans les paradis fiscaux? Les bénéficiaires de l’inutile bouclier fiscal, inutile bien sûr en termes d’incitation à un investissement productif? Les entreprises du cac 40 qui surpayent leurs dirigeants, forcément, ils décident pour eux-mêmes? Les sociétés qui domicilient dans des paradis fiscaux des bénéfices et assèchent leur trésorerie en France?
Vous n’y pensez pas, cela voudrait dire que les notions de morale publique ou d’intérêt général ont un sens pour cet homme.
Dis moi d’où tu parles car, sans faire de procès d’intention, c’est hélas, tout à fait inutile, son oeuvre parle pour lui, il faut avouer que le profil de sa carrière n’incite pas spontanément à croire à de telles vertus chez le maire de Chantilly : HEC, directeur financier du RPR sous Chirac, directeur associé chez Arthur Andersen, cabinet américain spécialisé dans l’audit d’entreprise et le conseil fiscal mais fortement écorné par le scandale Enron, président de l’Association de financement pour la campagne de Sarkozy, une épouse gestionnaire de la fortune de Liliane Bettencourt et qui aime les chevaux de course...
Rien que le côté fric et privilèges, quoi que cela soit fait assez discrètement...
Et c’est évidemment ce qui a conduit l’actuel occupant de l’Elysée à le nommer ministre du Budget, des Comptes publics, de la Fonction publique et de la réforme de l’Etat pour supprimer des emplois dans la Fonction Publique en ne remplaçant pas un fonctionnaire sur deux partant à la retraite!!
L’Etat ou la Fonction Publique, voilà bien quelque chose dont M. Woerth ne sait rien, à moins qu’au fond tout son comportement ne soit qu’une volonté de justifier les caractérisations marxistes d’une classe dominante et de l’Etat qui lui permet d’asseoir et de conserver son pouvoir.
La vache à lait, ce sera donc la fonction publique!
Ce pelé, ce galeux...
Le bonhomme La Fontaine a raison une fois de plus. Comme un gouvernement représentant les véritables privilégiés ne saurait s’en prendre à leurs intérêts, il faut des coupables substitués.
Rappelons, pour mémoire, que l’une des premières décisions de la bande actuellement aux affaires, a été l’augmentation des traitements des ministres, la pseudo moralisation et la transparence dans la ventilation des fonds secrets, l’augmentation phénoménale du traitement du président de la République et le maintien d’un régime de retraite ultra particulier et tout à fait «spécial» pour les parlementaires (do ut des, disaient les Romains!).
Rappelons aussi que les media aux ordres, c’est-à-dire à peu près tous ceux que le grand public peut lire, voir ou entendre, ont un discours récurrent sur les «privilèges» des fonctionnaires, statut et retraite compris!
Barre disait cela sous Giscard, il y a plus de trente ans. La droite retourne toujours à son tropisme réactionnaire comme le chien à son vomi!
Cette fois il s’agit de faire croire à l’opinion, que les agents de l’Etat logés doivent payer un prix de loyer plus proche de ceux du marché!
Plusieurs fers au feu: durcir les conditions de l’octroi de logement pour nécessité absolue de service et donc en limiter le nombre; or, si les mots ont un sens, la nécessité absolue de service ne pouvant être considérée comme autre chose qu’une contrainte fonctionnelle, elle ne doit pas donner lieu à une dépense privée et peu importe le prix du marché, pour l’agent concerné.
Reste l’utilité de service: si elle présente un intérêt certain pour la bonne marche du service, elle est également une charge pour le fonctionnaire et non pas un privilège quelconque; le faux bon sens qui consiste à suggérer que de toutes façons l’intéressé serait amené à se loger, est une forme de déni précisément de l’utilité de service.
Lever la contrainte, c’est lever le droit à logement, mais c’est dans ce sens qu’il faut lire l’ordre des priorités!
Le journal Les Echos qui détaille ce projet d’amendement à la loi de finances de 2010 écrit : «l’enjeu financier est relativement modeste, mais le symbole est fort»; on ne saurait mieux dire que ce gouvernement est incapable de ne pas joindre une dimension idéologique à toutes ses décisions. Mais cela même peut être réversible.
Il semble, par exemple que le nombre de logements de fonction, oscillerait entre 94 000 et 137 000! Excusez du peu quant à la marge d’erreur!
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue...
Gendarmes et militaires occuperaient 60% de ces logements; une question simple se pose: s’agit-il de mettre un terme à l’encasernement et à l’esprit de corps des unités? Au nom d’une nouvelle et inouïe efficacité? Ou bien de quoi parle-t-on?
La valeur locative de ces logements représenterait 1,4 milliard d’euros, casernes comprises? De qui se moquerait-on?
28% seraient pour les personnels de l’Education nationale: on peut certes mieux préciser les notions d’utilité de service, y compris, comme le soulignait un rapport d’une inspectrice des finances en 2003 (on espère qu’elle n’est toujours pas logée!) parce que « les servitudes et contraintes justifiant des logements de fonction n’ont pas été réévaluées au regard de l’évolution des technologies, notamment les téléphones portables ou les systèmes de video-surveillance »!
Chacun sait qu’un établissement vide, même sous vidéo-surveillance facilite l’action de tous les vandales ou de tous les voleurs.
Cet été même des écoles publiques en ont fait les frais...
Vidéo-surveillance contrôlée d’un commissariat ou d’une brigade de gendarmerie? Il faudrait pour cela que les commissariats et brigades soient en nombre suffisant, disposent d’effectifs suffisants et, le cas échéant, d’entraînement ad hoc!
Or d’une part les dernières décisions en ce domaine ont été des réductions d’emplois et de localisations. d’autre part la fréquence de la visite de forces de l’ordre dans certains quartiers ou cités, même en cas d’appel, malgré les rodomontades de Sarkozy, est loin de correspondre à la demande sociale que, par ailleurs, on excite abondamment dans le domaine sécuritaire!
L’usage du téléphone portable? Cela signifierait-il que le fonctionnaire prévenu devrait être en mesure de rejoindre son poste dans un délai prescrit ou minimal?
On ne voit pas quel serait l’avantage de supprimer un logement de fonction sur place, si c’est pour imposer une obligation de résidence d’un nouveau genre.
Ah, si, c’est le fonctionnaire qui assumerait seul les inconvénients et verrait ainsi sa situation dégradée.
Car en fait, ce qui est remis en cause une fois de plus, c’est la situation générale des fonctionnaires dans ce pays!
Ce qu’on cherche à faire, malgré le discours officiel du même Woerth (« on réduit le nombre mais on les paye mieux...» en fonction d’un mérite dont le seul critère «objectif», dans la plupart des cas, est le conformisme et l’obéissance aveugle), c’est à casser dans la fonction publique tout ce qui peut donner lieu à débat démocratique, tout ce qui suppose liberté et indépendance par rapport aux variations politiques, bref tout ce qui permet la véritable continuité d’un Etat au service de l’intérêt général.
Sans fonction publique assurée de stabilité et de respect, il n’est pas d’Etat légitime.
Ce qu’on oublie aussi, c’est qu’alors, comme nous l’avons vu plus haut, que les ministres et les élus de cette majorité se dotent d’avantages nouveaux (l’un des meilleurs: le retour sur le mandat d’élu pour un ministre qui a quitté le gouvernement!), ils remettent en cause les droits acquis des fonctionnaires et la dernière loi sur la mobilité met parfaitement en lumière les intentions réelles de la droite quant à l’avenir de la Fonction Publique!
Obliger le fonctionnaire à payer un loyer plus élevé, qu’on le veuille ou non, c’est amputer son pouvoir d’achat et dévaloriser sa fonction et sa mission.
Ne sommes nous pas entrés dans une «civilisation» où les individus ne valent rien de plus que leur compte en banque, sans que la manière dont celui-ci a été constitué importe à quiconque?
Quand les bornes sont franchies...
On se souvient peut-être que le ministère du budget a imaginé un jour de faire payer à chaque ministère un loyer à l’Etat pour les bâtiments occupés, ou plutôt d’inscrire dans son budget les sommes correspondantes. L’Etat se payant un loyer à lui-même puisque ses ressources sont redistribuées entre ses organes, dont les ministères sont des éléments essentiels...
Et on s’étonnera que des banquiers avides aient pu inventer des crédits sur des crédits, du virtuel sur du virtuel, du vide sur du vide pour au bout du compte encaisser des commissions pharamineuses au détriment de l’économie «réelle»...
Folie liquidatrice et artifices comptables, certains évidemment parlant de transparence!
On ne peut jamais faire taire les porte-coton, valets et thuriféraires stipendiés...
Comme un mal en entraîne un autre M.Woerth veut également s’en prendre à la gestion du parc automobile des ministères; en soi, rien de répréhensible pensera-t-on.
Mais en quoi passer par des contrats globaux de prestation permettra-t-il de faire des économies ? On n’a jamais vu un prestataire privé faire mieux pour beaucoup moins cher qu’un service public. Qu’on dise où.
Ou alors c’est que la gabegie règne et la réponse n’est pas dans la privatisation, pardon, dans l’externalisation, mais dans la sanction des responsables qui n’ont pas su faire le meilleur usage des deniers publics.
La conséquence de cette externalisation cependant, comme pour toute externalisation, c’est que la variable d’ajustement étant l’emploi, le ministère gagnerait un affichage «vertueux» et tant pis si, au bout du compte et globalement, des emplois ont disparu et la masse salariale a diminué!
La rémunération du travail donc!
La fable finit mal pour l’âne...
Nul doute que les utilisateurs des avions officiels se reconnaîtront ...
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