Il était temps, il est vrai, après les pantalonnades de nos quadras et le marche-pieds obligeamment tendu aux partenaires courtisés mais pour l’heure surtout concurrents. Sans parler des contradictions certes secondaires mais visibles ou audibles entre eux!
Donc un bon article dans Le Monde, un bon discours à La Rochelle et la patronne est là.
Travailler et faire travailler des équipes sur des dossiers lourds prend du temps et ne permet guère d’occuper les media; cependant, il est probable qu’une prise de parole plus fréquente n’aurait pas nui. Quelques couacs évités... S’exprimer assez fort pour empêcher tel ou tel de délirer, même pas gentiment!
Réhabiliter le sérieux en politique...
Il s’est trouvé bien sûr quelques militants ou déjà supporters d’un candidat potentiel, pour regretter les délais de mise en oeuvre d’une consultation par ailleurs, à notre avis, totalement inutile: bis repetita, mais qui croira sérieusement qu’un homo novus, homme ou femme, apparaîtra à cette occasion? Les sondages et les habituelles manipulations des media, hélas parfois inconscientes (mais si, il n’y pas que des génies politiques et manoeuvriers dans la presse!), auront déterminé et pour ainsi dire présélectionné les candidats, déclarés ou pas: tous les jours, des semaines durant... comme en 2006!
Et c’est à une validation des courbes sondagières que nous assisterons...comme en 2006!
Quant à la comparaison avec Obama, la mort de Ted Kennedy vient opportunément de rappeler qu'il n'était pas non plus sorti de nulle part....même si son ascension fut rapide!
Martine Aubry est, par ailleurs, une femme de caractère et de talent, quelqu’un qui a vraiment fait ses preuves, donc un adversaire à craindre réellement pour un candidat de droite, celui-ci fût-il auréolé de ses succès dans «la gestion» de la crise ( C’est-ce que la propagande officielle va dire! Autrement dit tous les media de grande diffusion...); elle a donc déjà été l’objet d’attaques répétées, assez peu «honnêtes et civiles» sur sa personne, son style, son allure...
Tous les amuseurs plus ou moins bien inspirés du PAF s’y sont mis de Ruquier à Ardisson, en passant par Gerra et les Grosses têtes...
Comme si d’aucuns voulaient à toute force la ringardiser d’avance!
Curieusement on a un peu mis sous le boisseau la loi des 35 heures, mais cela pourra toujours resservir puisqu’on triche beaucoup sur la présentation qu’on en fait! Dans une période de tendance lourde de montée continue du chômage sur plusieurs mois, le terrain est un peu glissant...
Remettre le parti au travail, élargir l’horizon de la réflexion, être clair sur le cumul des mandats et rappeler que les citoyens égaux participent à la vie commune sans que certains se dispensent des efforts contributifs pour les solidarités nécessaires dans un monde civilisé, dans un monde menacé, c’est la base d’un projet alternatif et pas seulement la tentation d’une alternance d’équipes!
C'est d'abord réhabiliter les gens sérieux....
L’opinion publique, si souvent invoquée pour faire perdre aux partis leur fonction d’intellectuel collectif capable d’élaborer un programme de transformation sociale, ne s’y est pas trompée et les sondages (eh oui!) n’excluent plus la possibilité qu’un candidat PS batte le président sortant!
Parmi les hypothèses de candidatures, il est clair que Martine Aubry figure en bonne place aux côtés d’autres, dont celui que les media invitent et combattent à la fois, je veux dire Laurent Fabius!
Celui-ci vient de rappeler à bon escient que les détenteurs de hauts revenus devraient voir leur participation financière à la vie sociale commune sérieusement revue.
Supprimer le bouclier fiscal qui n’a entraîné aucun accroissement significatif des investissements productifs est la première des choses à faire pour convaincre l’opinion, mais oui, elle existe, que les discours sur les transformations à apporter au fonctionnement du capitalisme ne sont pas que des leurres pour enfants distraits.
Recréer une tranche d’impôts supplémentaire, sauf si l’on se situe dans la continuité de l’héritage théorique de M. Thiers (cf. dans ce blog le texte De l’impôt), n’est scandaleux pour aucun socialiste, pour aucun citoyen de gauche, ni même pour un homme de droite pourvu d’un minimum de sens de l’Etat et convaincu que des règles communes sont une garantie pour une société de paix civile!
La taxe carbone a été volontairement mélangée par le gouvernement de M.Sarkozy avec son projet de remplacement de la taxe professionnelle: comme il s’agit d’alléger encore les «charges patronales», la tentation de faire peser le nouvel impôt sur les classes moyennes et d’en exonérer au maximum les entreprises, y compris les plus polluantes auxquelles un décret facilite désormais toutes les procédures d’installation, il est évident que la plus grande vigilance est de rigueur dans la préparation de la loi de finance 2010, dont on sait déjà qu’elle continue de sabrer dans la dépense publique, du moins dans la fonction publique et dans les services publics!
Ce qui n’empêchera aucun porte-voix de la majorité de rappeler que le modèle social français a évité le pire... avec les mesures admirables d’efficacité prises par le gouvernement!
Comme dirait La Fontaine, mais attendons la fin!
Avec 3 000 000 de chômeurs bientôt, il sera temps de juger de la pertinence des mesures tant vantées par Mme Lagarde, grande plongeuse devant l’Eternel, Laurent Wauquiez , cheveu sur la langue et vestes de jeune homme, ou les porte-parole de l’UMP ou du gouvernement dont le style balance entre la rigueur compassée de celui qui veut qu’on le prenne au sérieux et l’aboiement du roquet teigneux chargé de distraire l’attention!
Tiens, à ce propos, il semble que le remaniement ministériel ait été différé... On n’ose croire que c’est pour signifier que le temps de la gabegie est révolu en matière d’équipes gouvernementales: on se souvient de la promesse de campagne, 15 ministres et la parité entre hommes et femmes.. Un mensonge de plus ou de moins, dira-t-on...
Les premières prestations de Luc Chatel, sous les espèces de Ministre de l’Education, ne démontrent pas une compétence particulière sur les problèmes à traiter... Il est vrai que pour faire avaler encore quelques milliers de suppressions de postes, la compétence n’est pas requise...
La place pour le PS existe donc, elle est large et c’est bien sur l’essentiel qu’il est attendu, un projet de civilisation en effet. Pas sur des procédures ou sur la promotion de têtes dont la nouveauté est déjà touchée par une date de péremption...
JPB
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Lettre de la direction du SNES-FSU à Luc Chatel, ministre de l'Education Nationale...
Monsieur le Ministre,
Lors de la parution du rapport de Richard Descoings sur les préconisations pour le lycée, le SNES a souligné la responsabilité du politique en insistant sur l’impossibilité de mettre en place une réforme dans les conditions imposées, à savoir dans le contexte des économies budgétaires et de la RGPP. Les suppressions de postes à la rentrée 2009, comme celles prévues en 2010, ne peuvent qu’inquiéter. Le SNES le redit solennellement : la réforme des lycées ne doit pas être menée pour économiser des moyens mais pour favoriser la réussite de plus de jeunes. C’est une base de discussion incontournable.
Une véritable réforme ne peut être envisagée sans une large concertation de tous les partenaires de l’Ecole : personnels, lycéens, parents d’élèves, élus… C’est un des choix possibles du rapport, qui souligne par ailleurs la nécessité de partir des préoccupations exprimées par le terrain. Il est aussi impératif de mener de front la réflexion sur les contenus et les objectifs et celle sur les structures. Cela implique la mise en place d’un calendrier raisonnable qui permette le temps du débat à tous les niveaux, tant sur la structure que sur les contenus, éléments qui ne peuvent être dissociés. Il ne nous parait donc pas envisageable que la nouvelle seconde puisse être mise en œuvre dès la rentrée 2010.
Au niveau des constats, R. Descoings souligne à juste titre que, si une réforme des lycées est indispensable, le lycée n’est pas le lieu absolu de l’échec scolaire, ni responsable en premier lieu des taux d’échec en université. Mais son rapport manque de précision et fait peu de propositions concrètes.
Si on en reste aux généralités, le SNES constate que certaines de ses propositions semblent partagées par le rapporteur. Cette situation est le résultat de la mobilisation des personnels et du SNES. Nous n’accepterions pas de revenir sur ces acquis.
Maintien de l’engagement de l’Etat et finalités du lycée. Le lycée n’est pas que la propédeutique du Supérieur, c’est un lieu de formation générale technologique et/ou professionnelle mais aussi le lieu de la transmission d’une culture commune et de l’apprentissage de la citoyenneté.
Nécessité du maintien des trois voies de formation au lycée. A ce titre, le SNES approuve l’opinion du rapporteur : les trois voies du lycée sont complémentaires et d’égale dignité et les articulations entre ces trois voies sont un élément central. Le lycée professionnel souffre d’une image dévalorisée alors qu’il permet la réussite et l’accès au bac de jeunes par des pratiques et méthodes différentes de celles des voies générale et technologique. La réforme devra donc s’accompagner d’une véritable volonté politique de lutter contre les usages sociaux discriminants et les représentations souvent erronées.
Reconnaissance de la voie technologique en tant que vecteur de démocratisation.
Construction d’une véritable classe de détermination en seconde (mais les propositions restent imprécises, par exemple en ce qui concerne l’organisation du 3ème trimestre).
Nécessité urgente de rénovation des séries STI.
Nécessité de rééquilibrer les voies générales en lycée (mais les pistes définissent plutôt les contours d’une alternative que de véritables préconisations).
Maintien du cadre national du bac.
Rejet de la semestrialisation.
Discussion démocratique autour des programmes et respect de leur cadre national.
Nécessité de la formation continue des personnels
Amélioration de la démocratie lycéenne.
Mais le SNES conteste plusieurs préconisations :
Les effectifs de classe jouent, on le sait, un rôle fondamental dans l’acte d’enseignement et dans les conditions d’apprentissage. Or la situation est mauvaise dans le cycle terminal et souvent dramatique en seconde. On ne saurait se satisfaire d’une « meilleure répartition des moyens entre disciplines et lycées ». Il y a nécessité d’abaisser le nombre d’élèves dans les classes de seconde dans tous les lycées et davantage encore en ZEP. Effectifs allégés en classe entière et petits groupes sont indispensables à des apprentissages scolaires réussis.
La conception de l’orientation développée dans le rapport est réductrice, prend peu en compte la spécificité de l’adolescence et occulte le rôle capital des COPsy.
Si R. Descoings propose « de nouveaux apprentissages », on remarque que ce sont en fait généralement des pratiques déjà existantes et mises à mal par les conditions matérielles des établissements (effectifs, DGH en réduction…). Prises de parole, débats, TCI notamment, exigent de petits groupes. Il en va de même pour « les cours de méthodologie » qui, pour être efficaces, doivent s’adosser aux disciplines.
S’il est nécessaire de permettre un véritable accès à la culture, aux pratiques artistiques et sportives, cela passe d’abord par une consolidation des disciplines artistiques et de l’EPS.
La conception du rapport sur « l’accompagnement personnalisé », qui regroupe artificiellement des notions hétérogènes (aide au travail personnel, orientation, approfondissement, TPE…) ne tient pas compte des mécanismes d’apprentissage du lycéen ni de sa personnalité en construction. Sans compter que le texte est muet sur les personnels qui devraient assurer ces heures. Le SNES s’oppose à la volonté d’individualiser à outrance et d’externaliser le traitement des difficultés rencontrées par les élèves que semble porter cette notion. Il maintient que les difficultés des élèves doivent être traitées dans la classe, avec des personnels qualifiés (les enseignants), et des conditions de travail qui soient propices.
Il est positif d’encourager l’engagement citoyen des lycéens. Mais évaluer cet engagement, et plus particulièrement dans le cadre du baccalauréat, pose problème : s’engager est un acte qui relève de la liberté de l’individu incompatible avec la notion d’appréciation que porte toute évaluation.
Le SNES s’oppose à l’autonomie des établissements, qui met à mal la notion de service public et d’égalité de tous face à l’éducation. Autre chose est la mise en place des dispositifs décidés par les équipes éducatives sans remettre en cause le cadre national des programmes et des horaires.
Le « cadre national du baccalauréat » est nécessaire, mais pas suffisant : le SNES s’oppose au développement du contrôle « local » par le CCF et le contrôle continu.
Enseigner est un métier qui exige une formation de haut niveau tout au long de la vie. On ne saurait mentionner l’importance de la formation continue des enseignants (comme le fait le rapport) sans lui (re)donner réalité. Enseigner est le cœur du métier et on ne peut confier aux enseignants des missions qui relèvent d’autres métiers que le leur. Il faut, au contraire, créer les conditions qui permettent de le faire encore mieux pour faire réussir plus de jeunes. Les missions des enseignants doivent être abordées clairement dans les négociations, en tenant compte des spécificités du métier.
Pour le SNES, tous les jeunes peuvent réussir au lycée. Et l’élévation du niveau de qualification de tous est indispensable pour assurer une véritable démocratisation et répondre aux exigences économiques, sociales et culturelles de la société. Il a des propositions qu’il entend défendre :
La seconde doit être un temps de respiration, de transition, pour découvrir de nouvelles disciplines. C’est une étape essentielle de la scolarité, préparant le futur. Il s’agit de trouver un équilibre entre les matières déjà enseignées au collège et les disciplines nouvelles, sur lesquelles reposent des choix d’orientation.
Le cycle terminal doit offrir une plus grande diversité de parcours cohérents ce qui implique le maintien de l’organisation en voie et en séries, mais réinterrogées, revues, rééquilibrées.
Les conditions d’enseignement (horaires, effectifs, mais aussi méthodes et contenus…) doivent permettre la réussite de tous les jeunes tout en favorisant l’entrée de tous dans l’activité scolaire et, par là, leur autonomie, leur esprit critique et citoyen.
Les contenus d’enseignement doivent permettre de mieux comprendre les grands enjeux du monde contemporain.
Le temps de travail du lycéen, ses conditions d’apprentissage des savoirs, au lycée et en dehors du temps scolaire doivent faire l’objet d’une étude beaucoup plus sérieuse que celles qui existent.
Les choix d’orientation des élèves ne sauraient se résumer à une simple gestion des flux, ni être guidés par les seules représentations des élèves ou de leurs professeurs qui ne sont, par ailleurs pas formés à cet accompagnement. L’élaboration des projets des élèves doit être confiée aux personnels qualifiés que sont les conseillers d’orientations psychologues, en complémentarité avec les professeurs principaux et plus largement l’équipe pédagogique.
Au delà de préconisations, le rapport de R. Descoings propose aussi des sujets de débats importants et qui doivent être préalables aux décisions. Or ils n’ont pas été menés. Si le SNES considère que le rapport de R. Descoings peut être un élément important du débat, il ne s’inscrira pas dans une démarche de négociations sur une éventuelle mise en œuvre des préconisations de ce rapport.
Soyez, Monsieur le Ministre, assuré de notre détermination à poursuivre notre action pour la construction d’un lycée démocratique.
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