Bruxelles s’inquiète de la montée du radicalisme de gauche
Déjà auteur d’un article sur les extrêmes droites mutantes en Europe dans la livraison de mars 2014 du Monde diplomatique, Jean-Yves Camus, énonce quelques vérités premières dans l’article que le quotidien Le Monde consacre dans son édition des 25 et 26 décembre 2014 à l’inquiétude de Bruxelles devant la montée des gauches radicales, en Espagne ou en Grèce, et même, si l’on songe au mouvement social en Italie ou en Belgique.
" La crise a rappelé qu'une forme de lutte des classes n'était pas morte ", dit-il et il pointe dans le discours public le retour d’oppositions qui, à vrai dire, ne surprendront que les esprits abusés par la propagande libérale quant à la fin de la lutte des classes :
les exploités contre les exploiteurs, les bénéficiaires de la mondialisation contre les laissés-pour-compte, les banquiers contre les travailleurs…
Il développe aussi une analyse que nous pouvons partager sur la critique qu’on peut faire de l’évolution actuelle des partis jadis social-démocrates et qu’à notre avis ce n’est que par abus de langage qu’on a continué de désigner ainsi, alors qu’ils n’ont plus aucune base doctrinale renvoyant de près ou de loin à la critique du capitalisme établie par Marx, ce qui est pourtant le b, a, ba de leur existence même.
« Il n'y a plus d'utopie. Pour les sociaux-démocrates, il n'y a plus de projet d'émancipation économique collective mais seulement individuelle. Au mieux propose-t-elle une utopie sociétale, avec des projets comme le mariage pour tous. La gauche radicale s'y oppose et tente de faire comprendre aux électeurs que le logiciel actuel peut être autre chose qu'une simple adaptation au monde ».
L’histoire récente a fait litière des prédictions de Fukuyama comme des conséquences hâtives tirées par certains des thèses sur le choc de civilisations; le choc des civilisations ayant ceci de bien aux yeux de ces acteurs politiques, que précisément il ne tient pas compte du rôle actif du système de production, encore moins de son avatar contemporain de globalisation financière mondialisée.
Nous pouvons être plus clair: la lutte des classes n’est pas finie, quoi qu’ait pu en dire un Warren Buffett se vantant, avec ses pairs du système, de l’avoir gagnée, et c’est bien cela qui inquiète les laquais bruxellois, aussi corrompus que corrupteurs, quand ils examinent l’état d’esprit de l’opinion en Grèce ou en Espagne, alors que les poussées xénophobes et ethnicistes du Nord de l’Europe ne les affolent nullement.
L’Europe existe-t-elle?
On pourrait le croire quand on voit la généralisation des politiques d’austérité plus ou moins accentuées mises en oeuvre sur le continent.
Les dirigeants politiques français, les media aux ordres et le Medef diront que la France ne connaît pas de véritable politique d’austérité et qu’il faut approfondir les réformes structurelles, comme le conseille la Bundeskanzlerin, dont on se demande de quoi elle se mêle puisque la politique française n’impacte en rien la politique allemande.
L’enthousiasme des électeurs à l’ égard des candidats du PS montre au minimum qu’ils ont du mal à croire à cette fable et point n’est besoin de détenir une médaille Fields pour constater que son pouvoir d’achat a diminué, par la conjugaison par exemple du blocage des salaires et des pensions et par l’augmentation des prélèvements fiscaux, sans que la moindre réforme de rééquilibrage des efforts entre contribuables ait été esquissée: le taux marginal de l’IRPP a été diminué, alors qu’on peut se souvenir d’une époque où le nombre de tranches et le taux supérieur étaient plus élevés sans que l’économie en souffrît.
Mais il est vrai que les riches contribuaient un peu davantage à la solidarité inter-classes
La théorie grotesque du too big to fail (dont le cas de Lehman Brothers a démontré l’inanité, même si faire un exemple en sacrifiant un pion pour sauver le jeu sur l’échiquier a pu jouer un rôle dans la décision du gouvernement US à son propos) a coûté des milliards aux contribuables français et européens et augmenté les dettes publiques dont on prétend aujourd’hui qu’elles nécessitent des réformes dont les principales formes sont la privatisation de services publics, la restriction du champ d’intervention de l’Etat et la mise en coupe réglée des systèmes publics et solidaires de protection sociale: le tout pour le plus grand profit de financiers dont la fabrication continue de bulles spéculatives est le passe temps favori, avec le jeu de Monopoly des fusions-acquisitions d’entreprises dont.Goldman Sachs fait ses choux gras comme jamais.
Un système judiciaire simplement équitable eut mis toute la direction de cette banque dans un cul de basse fosse à perpétuité…
Il se trouve donc que les gouvernements des pays européens ont soutenu les banques, quand bien même elles eussent des dizaines de filiales dans de multiples paradis fiscaux ou quand, comme au Luxembourg, un PM devenu président de la Commission de Bruxelles avait négocié des arrangements fiscaux qui faisaient perdre aux Etats des rentrées fiscales importantes. Il se trouve aussi que la plupart de ces gouvernements, dont le nôtre (i.e. celui de notre pays), sont prêts à signer un traité, TAFTA (comme on dit dans le sabir anglo-saxon que nos élites européennes croient devoir pratiquer) qui accélèrerait la démolition de notre modèle social et de nos services publics.
Lorsque dans une visée impériale les agents US ont encouragé en Ukraine une révolte contre le gouvernement d’oligarques pro-russes pour y substituer des oligarques pro-occidentaux, ils ont déclenché une guerre de sécession et entraîné l’UE dans une politique de sanctions contre la Russie dont la base légale est plus que douteuse mais dont les conséquences peuvent être encore plus dramatiques à l’échelle du continent que leurs propres causes.
Impériale? Oui quand, quittant son statut de pays non aligné, l’Ukraine veut intégrer l’OTAN, dont l’existence même est aujourd’hui un défi à la paix du monde car cette organisation se substitue à l’ONU pour n’être qu’un outil au service exclusif des USA, espionnage industriel et politique inclus, comme le montre à l’envi l’affaire des écoutes de la NSA.
Qu’est-ce qui peut justifier une politique d’encerclement et d’encerclement renforcée de la Russie en 2014? La personnalité de son président? Alors que ni les USA , ni l’UE , ni la France ne font les délicats sur les dictatures plus ou moins criminelles qui existent des rivages de l’Afrique occidentale jusqu’au large d’Hiroshima? Ou qui laissent Orban dans leurs rangs et Erdogan à leur porte s’enfermer dans une politique où la démocratie n’a aucune part? Pauvre France dont les politiciens en place croient avoir plus à gagner en encourageant la Pologne dans ses fantasmes ou les pays baltes dans des politiques qui ne respectent pas leurs minorités, qu’en jouant honnêtement avec la Russie le rôle d’un partenaire fiable.
Qui peut croire que la Russie est un plus grand danger pour l’Occident que le pseudo état islamique du Levant dont la force n’est pas sans complices avec lesquels les affaires continuent…
Il est temps que les peuples se réveillent de l’abrutissement programmé où on les confine et que la patrie des Droits de l’Homme assume et son Histoire et sa souveraineté.
Une exposition à Paris parle de Sade, un des meilleurs illustrateurs de ce que pourrait devenir une société dont les élites prétendent se passer de principes universalisables. Bien que le « divin » marquis n’ait sans doute pas lu Kant!
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Non à la campagne d’intimidation du peuple grec, non à l’immixtion électorale de Berlin et de Bruxelles en faveur du gouvernement Samaras.
Selon les déclarations de membres du gouvernement de la Grèce, le déroulement d’élections prématurées en cas de non élection du président de la République par le parlement actuel équivalent au désastre. Yannis Stournaras, directeur de la Banque de Grèce et ancien ministre des Finances, a évoqué des « dégâts non réversibles » de l’économie grecque causés par l’instabilité politique des derniers jours. L’effort intérieur pour terroriser les citoyens grecs, dont le but est le prolongement à tout prix de la vie du gouvernement des Samaras et Venizélos, se soutient sans ambages de cadres de l’Union Européenne haut placés, qui, à l’instar de Junker, adressent sous tous les tons le message qu’ils préfèrent « des visages familiers » au gouvernement qui sera issu des élections.
A cet effort de terroriser [les électeurs grecs] participent de manière active, comme se fut d’ailleurs le cas en 2012, des acteurs du gouvernement allemand ainsi que la quasi-totalité des médias systémiques allemands. Le message qu’ils essayent de faire passer auprès des grecs est univoque : « N’osez pas vous tromper de vote ! Les marchés et le reste de l’Europe ne pardonneront pas une telle posture et la Grèce se désintègrera complètement ». La scénographie de la terreur a déjà été artistiquement construite, il reste cependant à voir si cette fois-ci elle pourra avoir une influence déterminante sur les électeurs grecs.
La différence spécifique avec 2012 est que l’application fidèle des Memoranda par le gouvernement actuel a poussé l’économie et société grecque, profondément blessées déjà avant cela, au bord du précipice. L’imposition autoritaire de mesures par l’usage de la répression et le contournement permanent des institutions et des procédures parlementaires ont lésé de manière irréparable le régime démocratique. Par le biais d’élections anticipées serait enfin donnée au peuple grec la possibilité de voter contre les politiques barbares qui ont été appliquées par des personnels politiques sans scrupules.
Dans l’exercice de sont droit démocratique légitime le peuple grec n’a pas besoin de tuteurs ni de conseillers se réclamant de la bienveillance. En ce qui concerne les menaces directes ou indirectes en provenance d’acteurs financiers et de leaders d’autres Etats européens, elles doivent être publiquement condamnées et ignorées.
Contre la vision de la chancelière Merkel pour une Europe des Marchés, nous proposons une vision d’une Europe de la Solidarité, d’une Europe des Peuples. Cette vision nous inspire lors de nos rencontres réitérées avec des collègues Grecs, des syndicalistes, des initiatives politiques en Grèce et en Allemagne. Par le biais de ces contacts denses nous avons eu l’opportunité de constater nous-mêmes l’ampleur du désastre occasionné par les politiques de la Troïka et de ses mandataires locaux. Nous allons lutter contre la propagande des médias et des politiciens ici en Allemagne, dont le but est la pérennisation et l’extension des politiques dictées par le memoranda et nous continuerons de nous positionner aux côtés du peuple grec dans les épreuves.
Premiers signataites:
Rolf Becker (Artiste); Eberhard Rondholz (Journaliste); Wolfgang Pomrehn (Journaliste); Ulrike Eifler (DGB Südosthessen); Rainhard Raika (DGB Darmstadt); Prof. Dr. Céline Jouin, (SUD éducation); Gerd Graw (Gélégué IGM Salzgitter); Fritz Klein (BR, S-Bahn Berlin, EVG); Uwe Krug (BR, S-Bahn Berlin, GDL); Jochen Gester, Hans Köbrich, Nina Knirsch, David-S. Schumann (Commité International de IG Metall Berlin); Manfred Klingele (GEW Hamburg);Rainer Thoman (Unia, Zürich); Kalle Kunkel (Gewerkschaftssekretär Berlin); Cordula Muehr (Médecin)Dr. Nadja Rakowitz (Présidente du Conseil des Médecins Démocrates – Verein demokratischer Ärztinnen und Ärzte); Dr. Peter Hoffmann (Conseiller des Médecins Démocrates – Verein demokratischer Ärztinnen und Ärzte); Dr. Bernhard Winter (Conseiller des Médecins Démocrates – Verein demokratischer Ärztinnen und Ärzte); Dr. Gregor Kritidis (Initiative des scientifiques critiques – Loccumer Initiative kritischer Wissenschaftlerinnen und Wissenschaftler); Michael Aggelidis (Juriste, Bonn, Rechtsanwalt, Landesvorstand DIE LINKE.NRW); Paul Michel ( Mitglied des VerDi Ortsvorstandes Schwäbisch Hall); Attac Osnarbrück; Dieter Wegner, (jour fixe Gewerkschaftslinke Hamburg); Angela Müller, Alexandra Pavlou, Peter Klemm, Marianna Munk, Lothar Zieske, Anita Friedetzki, Silke Mahlau, Rainer Basowski (Griechenland Soligruppe Attac Hamburg); Hubert Schönthaler (DIE LINKE, Köln); Griechenland-Solidaritätskomitee Köln (GSKK) – Groupe de Solidarité avec la Grèce en Cologne
Source : http://left.gr/news/ohi-sti-kampania-tromokratisis-toy-ellinikoy-laoy-lene-germanikoi-foreis-kai-prosopikotites
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