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Brèves

 

 

 

13 janvier: Cabu


Jean Cabut aurait eu aujourd'hui 13 janvier, 77 ans... L'âge limite pour lire Tintin. Son assassinat a donné lieu, c'était prévisible, à un festival d'impostures, dont la présence à la manifestation "républicaine" du 11 janvier à Paris, d'authentiques fascistes obscurantistes dans les délégations des chefs d'Etat de et de gouvernements. Gageons qu'il en eût ri.


07 janvier: Charlie Hebdo


Des fanatiques islamistes sociopathes, pardon pour le pléonasme, massacrent la rédaction de Charlie Hebdo. Il n'est pas évident que les conditions de sécurité autour de C.H. aient été à la hauteur des menaces connues qui pesaient contre cet hebdomadaire, ni que les forces de sécurité en France disposent des effectifs, des équipements et des moyens à hauteur suffisante. Pour l'heure la classe "politique", surfant sur une émotion  populaire réelle, joue, avec des couacs, l'Union nationale. Sans une réorientation des priorités et des choix budgétaires (cf. le communiqué de la FSU 13), il est douteux que cela soit, à soi seul, la bonne réponse.


20 décembre: Goldman Sachs

 

La banque américaine dont le management devrait être en prison si une quelconque justice existait, a fait une année formidable en intervenant à elle seule dans  35 % des fusions acquisitions; rappelons que cette opération juridico-financière ne crée aucun emploi, a même plutôt tendance à en supprimer et n'enrichit qu'une poignée d'actionnaires et un management intéressé. C'est cela la finance. Lisez Le capital fictif de Cédric Durand  aux éditions Les prairies ordinaires.

6 novembre: Abdelwahab Meddeb.

Intellectuel tunisien, porteur des Lumières et démocrate: "Son œuvre s'inscrira dans la longue lignée de ceux qui ont voulu placer la Tunisie dans le sillage des Lumières modernes, sans renier le lien qui la rattache à la civilisation de l'islam. Son dernier acte d'écriture aura été le geste d'un retour sur soi : Le Portrait du poète en soufi (Belin, 192 pages, 19  euros) paru quelques jours avant sa mort. Tous ceux qui l'ont connu garderont le souvenir d'une belle présence généreuse dans l'amitié et exigeante pour la pensée."

Fethi Benslama

 

Psychanalyste, professeur

à l'université Paris-diderot

22 octobre: Christophe de Margerie meurt, accident d'avion...

 Socialisme: Dénomination de diverses doctrines économiques, sociales et politiques condamnant la propriété privée des moyens de production et d'échange (Petit Larousse). 

Au moment où, alors que la nationalisation des autoroutes pourrait être envisagée d'après l'étude d'un cabinet aussi sérieux que n'importe quelle agence de notation, malgré le coût des indemnisations, pour assurer des ressources régulières à l'Etat, le gouvernement préfèrerait tuer une autre poule aux oeufs d'or en privatisant la FDJ!
Sabotage délibéré de l'intérêt général ou incompétence absolue?
Bref comme le propose Valls il faut enlever le mot socialiste d'une telle politique et d'un tel parti... Il y aura bien quelqu'un pour garder la vieille maison et un référentiel "passéiste" comme dit l'homme, qui voulait déjà débaptiser le PS avait d'être seulement ministre, mais encore cohérent!

En fait il n'y a pas plus passéiste que le droit de propriété et la direction d'une entreprise, comme les larmes de crocodile lors de l'accident de C.de M. , seul dans le Falcon avec 3 membres d'équipage, ont tenté de le faire oublier au populo !!

 14 octobre: des millionnaires toujours plus nombreux


Mi 2014 il y aurait donc, d'après le Crédit Suisse, 35 millions de millionnaires en dollars sur la planète soit 1 terrien sur 200 avec un patrimoine moyen par adulte de 56 000 $. Les moyennes ont ceci d'excellent: elles gomment les écarts et alors que ceux ci se creusent, les "classes moyennes" inférieures peuvent croire à leur survie!


08 septembre: Martine Aubry, le retour?


"On n'a pas besoin d'aider les banques (…) qui ne sont pas dans la concurrence internationale - ni - les entreprises qui préfèrent verser l'argent que leur a donné l'Etat pour donner des dividendes plus importants (…) au lieu d'investir dans l'avenir, l'emploi et la formation ".

 

02 septembre: la rentrée et les vérités premières!

Le retard scolaire à l’entrée en 6e : plus fréquent dans les territoires les plus défavorisés ( Insee)

 

25 août: Démission du gouvernement


Après les discours de la St Barthélémy de Frangy, Valls présente la démission de son gouvernement à la St Louis Roi ! Y voir une quelconque dimension symbolique reviendrait à confondre un ambitieux sans doctrine avérée à un homme d'Etat,  ou  un réformateur avec un liquidateur. Grâce au ciel, il a plu sur l'île de Sein.

 

31 juillet: Louis de Funès aurait 100 ans

 

Naître le jour de l'assassinat de Jaurès n'a pas marqué sa carrière et c'est tant mieux.

Il est vrai que le 31 juillet, c'est aussi la fête d'Ignace de Loyola. Les jésuites ont la réputation d'être cultivés, nos politiciens beaucoup moins mais ils ont généralement à coeur d'utiliser les méthodes souterraines que la voix populaire a souvent attribuées à la Compagnie.


 17 juillet: Debray et l'Occident

 

"(...) La France républicaine ayant renoncé à son système de valeurs et à son autonomie diplomatique, elle a réintégré les commandements de l'OTAN, décision anecdotique mais symbolique du président gallo-ricain Sarkozy, entérinée par son sosie Hollande. Et nous voilà de retour dans " la famille occidentale ". La double mort historique de Jaurès et de De Gaulle a donné à cette abdication le sens d'un retour à la normale".  Régis Debray, Le Monde daté du 18 juillet 2014.

 

 

25 juin: Anniversaires


Michaël Jackson, il y a 5 ans. Michel Foucault 30 ans après. En voilà deux qui auraient certainement eu des choses à se dire.

 

23 juin: Avignon...

 

 

24 mai: Demain l'Europe sociale...


Demain, vote pour le renouvellement du Parlement de l'UE. Un certain nombre de crétins ou de faux-culs (cumul possible...) s'étonnent du peu d'enthousiasme des électeurs.

Il est écrit dans le traité de Lisbonne que " l'Union reconnaît et promeut le rôle des partenaires sociaux à son niveau, en prenant en compte la diversité des systèmes nationaux. Elle facilite le dialogue entre eux dans le respect de leur autonomie ". Y a plus qu'à...

Ce n'est pas le vote (moins de 50 députés (39 ?)  en séance sur la proposition de loi du FdG, obligé de voter contre son propre texte vidé en partie de substance par des amendements de la majorité...) ni la négociation TAFTA qui peuvent redonner confiance aux électeurs.


8 mai: Chatons


Condamnés à de la prison ferme (pour avoir maltraité) ou avec sursis (le chaton est mort), la justice française fonctionne toujours aussi bizarement: délocaliser une entreprise au nom du droit de propriété et du profit n'est pas punissable par la loi, même quand ce droit de propriété s'exerce nonobstant l'intérêt général, les aides reçues, les dégrèvements fiscaux etc... avec des dommages collatérauxet des conséquences sociales indéniables.

La sanctuarisation du droit au travail et du droit du travail ne préoccupe ni les parlementaires, ni les chats fourrés...Quant au Conseil Constitutionnel...

 

16 avril


Une semaine après, la mort de Jacques Servier à 92 ans le jeudi 10 avril, est annoncée. Comme prévu le procès du Mediator se fera sans lui! La vitesse de la justice est assez variable en France.


22 mars ou l'espoir!


C'est toujours un anniversaire... On ne sait plus de quoi. A en croire le Nouvel Obs., vendu par son fondateur, les satellites espions US ou Chinois (mais oui, déjà!) pourraient repérer l'épave engloutie du Boeing 777, mais ce serait avouer un peu plus du manque de respect qu'ils professent à l'égard du reste de la planète. Alors on dépense du pétrole pour les bateaux et les avions de reconnaissance. En plus, ils se moquent du réchauffement climatique et du gaspillage d'énergie!

Cela n'empêche pas les media de parler d'espoir à l'idée de découvrir enfin où etc... Quel espoir? 


16 janvier


La vie privée de Hollande:

Ce qu'on doit retenir de la conférence de presse du 14 janvier, ce n'est pas que FH est social-démocrate ( qu'est-ce qu'un social-démocrate sans doctrine explicite ou qui serait celle de l'idéologie dominante ? ) car on sait, au plus tard depuis l'utilisation de l'expression "le socialisme de l'offre", que le mot socialiste avec lui n'a aucun sens. Ce qui a sauté aux yeux de tous ceux qui ne sont pas des courtisans, c'est un exemple parfait de goujaterie égoïste dépourvue de toute grandeur d'âme.


2 janvier 2014


Présent dans le voyage en Arabie avec le PR, Antoine Frérot, pdg de Véolia ( dont par ailleurs les syndicats, CFDT comprise, réclament la démission vu la stratégie de démantèlement qu'ils lui reprochent), expliquant l'absence de signature de méga-contrats : "l'économie, ça ne fonctionne pas à la nano-seconde, c'est un processus continu..." Sans doute, mais l'ennui, c'est que la "finance", elle, fonctionne ainsi, comme le prouve précisément la stratégie qu'il conduit!

 

9 décembre

 

Anniversaire de la loi de 1905 séparant les églises et l'Etat, après une mobilsation de la droite pas très différente dans sa forme  de celles que nous avons connues lors du vote de la loi sur l'ivg, le pacs ou le mariage pour tous. La droite n'a jamais vraiment admis le principe de laïcité et continue de confondre sacrement et contrat, science et foi... LA droite? Une bonne partie est sans religion mais continue d'y voir un opium du peuple, très utile pour  distraire de son affairisme ou de sa corruption.

Le 9 décembre 1777 le bon roi Louis XVI rétablissait les monts de piété, supprimés pendant le gouvernement de Mazarin pour complaire aux usuriers; cela, du moins, nous avait valu "l'Avare"!


22 novembre 1963


Aldous Huxley meurt à Los Angeles. La suite a prouvé que c'était malgré tout un optimiste. Nul n'a trouvé de lien entre sa mort et celle de JFK que son assassinat a fait rentrer dans la mythologie politique.


Valls et Léonarda 19.10


Il paraît que le ministre aurait menacé de démissionner si la jeune collégienne revenait en France. Un homme d'Etat l'eût pris au mot.

L'expulsion est une manie qui se soigne; rappelons que ce gouvernement s'est déshonoré d'entrée en livrant Aurore Martin à l'Espagne ( dont elle est ressortie) alors que ce dont elle est accusée dans ce pays étranger n'est pas incriminable dans le pays dont elle est citoyenne. Inconscience et incohérence des Français abusés de toutes parts... 

 

Edith Piaf et Jean Cocteau 10.10


Morts à quelques heures . Du talent, une vie remplie... Un demi-siècle passé...


32 ème anniversaire 09.10


Extrait d'un article de Nicolas Truong dans Le Monde d'aujourd'hui ouvrant les pages consacrées par ce quotidien à l'abolition : "Il n'empêche, au moment où le national-populisme se déclare favorable à son rétablissement, la parution de cette déposition faite à elle-même de Monique Mabelly est édifiante. Alors que la 11e Journée mondiale contre la peine de mort a lieu le 10 octobre, ce texte est un rappel utile. Car " qu'est-ce donc que l'exécution capitale, sinon le plus prémédité des meurtres auquel aucun forfait criminel, si calculé soit-il, ne peut être comparé ? ", écrivait Albert Camus."

 

Merkel 23. 09


Ok, ce n'est même pas son nom, ce qui prouve que les électeurs allemands ne sont pas si réacs dans toutes les cases du jeu social. La presse française est, comme d'habitude, d'une stupidité confondante en parlant de "triomphe"!

La Bundeskanzlerin n'a pas la majorité avec les seules CDU/CSU. autrement dit si elle a fait un triomphe, que dire de Hollande qui en 2012 n'avait pas mathématiquement besoin d'alliés pour gouverner. Il est vrai qu'à voir comment votent certains élus du PS, on peut tout de même s'interroger sur la solidité du parti!


Retraites 10.09 


Le Monde qui n'aime les syndicats que lorsqu'ils sont "réformistes", mais comme de fait ils le sont tous, cela signifie pour cet organe de presse, prêts  "à négocier le poids des chaînes"et à suivre l'idéologie dominante, écrit dans la Check-list de son site LeMonde.fr (11.09): "Retraites: mobilisation plutôt réussie". On saluera cette quasi objectivité... et cette lueur d'optimisme sur les capacités du mouvement social à peser dans un débat que certains, au nom de TINA (There is ...), voudraient unilatéral.

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Retraites  30.08

Dans l’Etrange défaite, à laquelle je faisais à l’instant allusion ( C'est L.Mauduit dans Mediapart qui parle), Marc Bloch a ces mots terribles : « Il est bon, il est sain que, dans un pays libre, les philosophies sociales contraires s’affrontent. Il est, dans l’état présent de nos sociétés, inévitable que les diverses classes aient des intérêts opposés et prennent conscience de leurs antagonismes. Le malheur de la patrie commence quand la légitimité de ces heurts n’est pas comprise ».

C’est un peu le malheur de nos socialistes d’aujourd’hui, qui gouvernent la France comme des notaires tristes…

Multiculturalisme 18.08

« Or le multiculturalisme est une fausse réponse au problème, d'une part parce qu'il est une sorte de racisme désavoué, qui respecte l'identité de l'autre mais l'enferme dans son particularisme. C'est une sorte de néocolonialisme qui, à l'inverse du colonialisme classique, "respecte" les communautés, mais du point de vue de sa posture d'universalité. D'autre part, la tolérance multiculturelle est un leurre qui dépolitise le débat public, renvoyant les questions sociales aux questions raciales, les questions économiques aux considérations ethniques. »
Slavo Zizek, Des idées-force pour éviter les impasses de la globalisation, Le Monde, 02/09/11.

Bichat 04.08


Un hôpital sans clim depuis plusieurs jours. La pièce manquante doit venir d'Allemagne. Il paraît que la France a une politique industrielle, que serait-ce sinon! Pendant ce temps les prédateurs du Medef donnent des conseils sous forme d'injonction au gouvernement sur les retraites; que ces misérables fassent d'abord leur travail d'industriels producteurs et qu'ils se taisent ou qu'on les fasse taire; un bon contrôle fiscal devrait suffire.


Islamofascisme 20.06


Le mot est tabou car il est utilisé par la droite identitaire, mais comment mieux traduire la politique répressive d'Erdogan? La Turquie est le pays membre du Conseil de l'Europe où les journalistes emprisonnés sont les plus nombreux, le seul où l'on arrête sans aucune base légale des avocats... La lutte anti- terroriste utilisée contre les libertés fondamentales, dont la laïcité.

 Quels sont les crétins qui dans l'UE veulent encore négocier l'entrée d'un tel régime, car c'est un régime qu'on accepte et qu'on laisse durer et non un peuple libre et souverain.


Ponts 10.05


Les serviteurs habituels du veau d'or évaluent à 2 mds d'€ le manque à gagner pour l'économie lié aux ponts de mai. Cela fait tout de même 40 fois moins que la fraude fiscale!


Renault pleure ? 25.04


 Renault  a perdu des ventes en Europe mais l'action Renault est en hausse de 2,12% à 50,54 euros (soit une capitalisation boursière de 15 milliards d'€ environ). L'action  a gagné plus de 20% depuis le début de l'année, après une montée de plus de 50% en 2012. Cela justifierait-il le chantage à l'emploi que le patron surpayé de la firme exerce à l'égard des salariés du groupe?


 

Le CE privatise la grève...13.04


 Le Conseil d'Etat  a décidé vendredi 12 avril d'autoriser EDF à limiter l'exercice du droit de grève dans ses centrales nucléaires. EDF l'avait fait en 2009 pour éviter l'interruption de l'approvisionnement du pays en électricité, au nom de sa mission de service public. Cette coquecigrue juridique, même si les conseillers ne sont que par abus assimilés à des magistrats, méconnaît le principe de base qui est l'exercice du droit de grève dans le cadre des lois qui le réglementent. On laisse donc l'employeur se substituer à l'autorité instituée. A quoi sert le CE si on privatise ainsi les fonctions de l'Etat?

 

 

Hugo Chavez 05.03


Le président vénézuelien est mort. Les classes populaires ont bénéficié de meilleurs accès à l'instruction et à la santé. Il est certain que les media français vont dire plus de mal que de bien de lui...

 

Stéphane Hessel 27.02


Né en 1917, mort dans la nuit du 26 au 27 février, cet homme à la vie bien remplie meurt couvert d'éloges, même par ceux qui le trouvaient "dérangeant". "Pus loin, plus vite" avait-il dit à François Hollande dans une motion signée avec Pierre Larrouturou pour le dernier congrès du PS. Plus loin, plus vite, mais pas pour complaire aux canailles de Wall street, de la City, du CAC 40, de la Commission de Bruxelles et du Medef réunis , collection de nains avides et arrogants. S'indigner et résister...


D'un 11 février à l'autre 11.02


Bernadette et l'Immaculée conception, la signature des accords du Latran, l'annonce de sa renonciation par Benoît XVI... des 11.02. Normal , c'est la fête de N.-D. de Lourdes... et cette année, la veille de Mardi-gras.


Question 02.02.2013


« Je suis frappé de voir que les intellectuels de gauche d’aujourd’hui cherchent à priver le peuple opprimé non seulement des joies de la connaissance mais aussi des outils de son émancipation en lui annonçant que « le projet des Lumières » est mort et que nous devons abandonner nos illusions de la science et de la rationalité – un message bien trop fait pour réjouir le cœur des puissants, trop heureux de monopoliser ces instruments pour leur seul usage. » 
Noam Chomsky, Science et rationalité.

http://loeildebrutus.over-blog.com/

 

Franco-russe  06.01.2013


C'est bon pour Depardieu...Qui se souvient des entremets du même nom?

 

Oscar Niemeyer 06.12


L'architecte brésilien qui aura le plus marqué son pays est mort  à 104 ans. Par delà son oeuvre et sans doute ceci n'est-il pas étranger à cela, on retiendra ses engagements pour la démocratie. La France a la chance d'avoir accueilli son travail.

 

Euromillions 15.11


Une grosse cagnotte de loto et une vie change. Mais la presse affiche sans commentaire que cette somme représente 19 années de salaire pour Zlatan ,"génie" du foot-ball... et 126 siècles de SMIC!

Et il y a des gens beaucoup plus riches encore que ce nouveau millionnaire chanceux ou ce footeux qui rapporte sans doute beaucoup à quelques parasites sociaux, rouages du système...


Valls et Aurore Martin 05.11


Manuel Valls prétend ne pas avoir à "s'excuser" au sujet de la livraison d'une citoyenne française à un état étranger pour un délit inexistant en France. Cet... n'a pas tort: la trahison des gouvernants français à l'égard de leurs électeurs est plus ancienne que sa nomination  dans un gouvernement dit de gauche; la France n'était nullement tenue d'accepter de livrer ses ressortissants...

 

Islamisme 21.09 (Le Monde)


Là encore, quand on lui fait observer que l'animosité envers l'islam cache parfois mal un racisme pur et simple, Rushdie se cabre : " Je n'ai aucune tolérance à l'égard de la xénophobie et du racisme, que j'ai toujours combattus. Ceux qui s'attaquent aux minorités, aux musulmans ou aux homosexuels, par exemple, doivent être condamnés par la loi. L'islamophobie, c'est autre chose, c'est un mot qui a été inventé récemment pour protéger une communauté, comme si l'islam était une race. Mais l'islam n'est pas une race, c'est une religion, un choix. Et dans une société ouverte, nous devons pouvoir converser librement au sujet des idées. "

 

Neil Armstrong 25.08


Le premier homme sur la lune (20 juillet 1969) est mort. Il est des moyens moins honorables d'atteindre à la notoriété.

Depuis lors les canailles qui dirigent les banques et s'en sont mis plein les poches, ont siphonné le pognon disponible pour ce genre d'aventure et imposé à des politiciens plus ou moins nanifiés des politiques contre leurs peuples!

 

SMIC 09.07

 

Le 1er juillet, le montant du Smic horaire a été revalorisé à 9,40 € (9,22 depuis le 1er janvier), soit un montant mensuel brut de 1 425,70 € sur la base de 151,67 heures, ou de 1 425,67€ sur la base de 35 heures × 52 / 12.

Cette augmentation de la valeur du Smic a pour conséquence d’ « immerger » certains coefficients conventionnels sous le salaire minimum légal.

Arcelor-Mittal 28.06


Magnifique photo de la  tour Arcelor Mittal Orbit construite pour les J.O de Londres... Le patron du groupe métallurgiste a financé 19,6 des 22,7 millions de £ du coût de ce monument de 1400 t et de 115 m de hauteur. Le genre d'info qui doit réjouir les ouvriers de Gandrange... Panem et circenses. Vous avez dit XXI ème siècle?

 


Programme commun 27.06


40 ans aujourd'hui. Certains ont gagné, d'autres ont perdu. Le peuple? Les 93 % de salariés? Les partisans d'un Europe démocratique? Les concepts de liberté, d'égalité et de fraternité? La dignité du citoyen? Bref les "valeurs" dont parlent les politiciens pour éviter de qualifier leur politique? Tous ceux là ont  perdu. Il y a des explications... et il y a des coupables, toujours là, leurs frères, leurs héritiers...


INSEE 20.06


71 % du patrimoine en France dans les mains de 20 % des ménages. Et si on regarde de plus près dans ces 20%, on constatera que l'agglomération de déciles sert surtout à dissimuler de plus grands écarts!



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Texte Libre

Les auteurs

 

Sylvain Bartet (29.01.76) et Jean-Paul Beauquier (02.02.46)  sont tous deux agrégés d’histoire (dans l’académie d’Aix-Marseille), militants syndicaux (FSU), militants politiques (PS) ; ils ont une génération d’écart. Leur travail d’écriture à deux vise à montrer que sur des sujets politiques sérieux, la référence aux origines des concepts de République et de démocratie et l’esprit critique doivent armer les citoyens contre les risques et la prévalence d’une démagogie de l’instant. Bref que l’espoir est possible en politique...

 

Articles RÉCents

1 mars 2009 7 01 /03 /mars /2009 10:16

Suites de la 1ère partie, en termes organisationnels et revendicatifs

 

  1. Deux modèles d’organisation du salariat

 

Dans cette optique, les constructions politiques issues d’une volonté de dépassement du capitalisme (abandonnée ou non ensuite) datant d’avant la globalisation, présentent une double inefficience. Nous les simplifierons ici à deux pôles : la social-démocratie ; le socialisme et le syndicalisme de lutte.

Au préalable, sortons de présupposés acquis idéologiques qu’on accorde à des oppositions dualistes, simplifiées et mises en parallèle : social-démocratie/socialisme ; réformisme/révolution ; voire pour être à la mode[1] loi/contrat. Montrons que ces oppositions habituelles ne sont pas opératoires dans la réalité : ni sur le plan des idées, ni pour agir sur la société et face au capitalisme globalisé.

 

1.1.  Dépasser des oppositions dualistes

 

En effet, ces oppositions cachent les vraies options divergentes, qui se sont dessinées dans le mouvement ouvrier et qui concernent d’abord les structures et les formes d’organisation du salariat et de la société, la conception de l’action syndicale et politique et ensuite seulement ses objectifs. Nous y reviendrons dans la partie suivante.

Les divergences entre ce que l’on appelle « social-démocratie » et « socialisme » ne sont pas très pertinentes sur le plan des idées. Idées qui varient et ne sont pas monolithiques. Ainsi au 19ème siècle, les mots « social-démocratie », « socialisme » voire « communisme »[2] étaient d’abord des mots et pas des corps idéologiques différentes, utilisés pour désigner un même mouvement d’opposition au capitalisme et d’appropriation collective des moyens de production. Aujourd’hui même aujourd’hui, Schroeder et Lafontaine sont tous les deux des « sociaux-démocrates » (leurs divergences existant avant que le second quitte le SPD).

 

Quant à l’opposition réformisme/révolution, elle n’a de sens que si l’on définit précisément ce que l’on peut entendre par « révolution », c’est-à-dire deux choses :

-          révolution au sens strict : un bouleversement, une transformation radicale de l’ordre politique et social, en rupture avec l’ordre ancien, ayant une instantanéité liée à une intervention directe de foules et de la masse du peuple (avec une part de violence ou en tout cas d’implication physique).

-          révolution au sens large : une transformation radicale toujours, mais ayant une rapidité plus relative et un étalement dans la durée, liée aussi à un ou quelques événements qui font bifurquer l’histoire, mais qui ne sont pas forcément l’intervention directe et physique du peuple.

 

Si l’on part de cela, on ramène le « réformisme » a ce qu’il est vraiment : une question de méthode avant d’être une question d’objectifs. Ainsi à l’origine, l’opposition entre réformistes et révolutionnaires au sein du mouvement ouvrier ne relevait pas de l’objectif de dépassement du capitalisme, ni de l’adhésion à la lutte des classes. En un sens originel, être réformiste, c’était au sein du mouvement ouvrier, réclamer des réformes vers le dépassement du capitalisme et par la lutte des classes, vers la révolution au sens large, mais en considérant que la révolution au sens strict n’était pas d’actualité et n’était pas la seule voie.

Le réformisme, ce n’est pas la réforme, mais les réformes dans un but plus élevé que chacune d’entre elles, prise séparément. Etre réformiste, dans le sens du mouvement salarié, c’est admettre qu’en un état donné, il faut aller vers des paliers en fonction d’un objectif de progrès : la réforme n’est pas une nouveauté qui tient toute seule, sans référence plus grande.

 

Dans ce cadre, il n’y a pas d’opposition de principe entre réforme et révolution : mener des réformes ne signifie pas forcément refuser l’idée de révolution, au sens strict ou large ; des réformes peuvent être conçues pour conduire à la révolution au sens large.

Ce fut tout le travail de Jaurès de synthétiser la dialectique réforme/révolution, dans la conception de « l’évolutionnisme révolutionnaire » : la réalisation du socialisme en additionnant à la République politique, première étape, la République sociale, seconde étape. Le mouvement ouvrier français porte en cela, par la question républicaine, un apport historique, certes plus conceptuel que concret, indépassable : mettre l’intérêt de classe dans l’intérêt général, la conscience (et donc la lutte) de classe dans la conscience d’être par la citoyenneté acteur d’une émancipation globale, politique et sociale. Dans les deux cas la question de la relation entre la lutte concrète, propre au syndicalisme et le ou la politique reste cruciale : rapport au parti (apport « nordique » social-démocrate ou travailliste) ou rapport au régime (apport français du socialisme républicain).

L’équipement intellectuel et conceptuel n’est pas à réinventer. Encore faut-il le reconnaître ou plutôt même le retrouver, c’est-à-dire accepter de sortir définitivement du marxisme tel qu’il a été porté par les partis communistes. Il a marqué intellectuellement, en obligeant à se positionner par rapport à lui, surtout dans les pays où les PC étaient forts, l’ensemble de la gauche et du mouvement salarié. En France notamment, il a re-divisé le mouvement ouvrier, qui n’était pourtant pas authentiquement et profondément marxiste et qui avait été acquis, pour l’essentiel, à la synthèse jauressienne.

 

Aujourd’hui, une clarification s’impose et deux questions se posent à nous. D’une part, assumons-nous une pratique réformiste ? Il nous faut reconnaître qu’une revendication, une proposition ou une mesure ne visent pas à conduire des actions relevant de la révolution au sens strict, ni à obtenir d’un bloc et à concevoir entièrement la révolution au sens large. Sinon,  on substitue au réformisme un jusqu’au-boutisme pseudo-révolutionnaire, dans la conception et la revendication des alternatives, qui n’ont ni faisabilité totale et réelle, ni crédibilité et dont l’effet mobilisateur reste faible.

D’autre part, si l’on relie les réformes à des objectifs plus élevés, où plaçons-nous la hauteur de ces objectifs ? Si l’on admet la possibilité d’étapes, l’objectif est double :

-          un objectif minimal plus immédiat, de progrès social et de développement humain contre l’ordre capitaliste établi présent

-          un objectif  maximal plus lointain, contre le système capitaliste en général

 

On peut alors considérer que sans être révolutionnaire, ni au sens strict ni même au sens large, une pratique réformiste peut être acceptable si elle vise au moins cet objectif minimum de transformation réelle et pas à la marge, de la société, en fonction d’idées issues du mouvement « ouvrier » du XIXème siècle, qui relève d’une action et d’une pensée en rapport avec le capitalisme et ses mutations.[3]

 

1.2.  La social-démocratie : la contre-société parti-syndicat ; la lutte des classes comme position originelle et le compromis institutionnalisé

 

D’un côté donc, la voie « social-démocrate ». Cherchons d’abord un peu quelle est sa structure sociale et politique, au-delà donc des acquis idéologiques qu’on lui prête souvent et exagérément : l’acceptation de l’économie de marché qui serait l’adoption du capitalisme ; le fait de fonder les progrès sociaux sur le « contrat » comme si le pouvoir et l’Etat n’avaient qu’une responsabilité secondaire ; la primauté donnée à la négociation dans l’entreprise qui serait un dialogue confiant avec le patronat…

La social-démocratie est fondée sur un compromis entre Travail et Capital. S’il y a compromis, c’est qu’au départ il y a aussi une vision de l’opposition Travail/Capital et des classes, mais elle reste ensuite implicite et sous-entendue avant tout comme une position originelle : cette opposition propre au capitalisme est dépassée par l’institutionnalisation du dialogue social, de la négociation et du compromis, à l’intérieur du capitalisme.

Or ce dialogue repose sur syndicalisme de masse unifié et un mouvement ouvrier construit sur les relais entre parti et syndicat au sein du mouvement salarié. Il y a toujours un salariat organisé selon un rapport de force, mais ce rapport est supposé favorable a priori au salariat. La négociation[4] et donc le compromis peuvent alors se systématiser et se développer avant ou sans la lutte directe, avant ou sans la loi, mais pas sans la loi comme principe: la loi vient universaliser les accords et les droits partiels.

Citons à ce propos Mogens Lykketoft, ministre social démocrate des finances (1993 à 2000) et chef de son parti (2002 à 2005), auteur du Modèle danois : « Le mouvement syndical a fait un bon bout de chemin dans la négociation avec le patronat pour garantir des meilleurs salaires et conditions de travail. Là où le chemin vers des accords ne laissait pas suffisamment de marges de manœuvre, les alliés politiques du mouvement syndical prenaient la relève. […] Dans certaines situations, les sociaux-démocrates ont légiféré afin que les améliorations, à l’origine, convenues lors des accords collectifs, s’étendent à tous les travailleurs pour que tous[5] puissent en bénéficier, qu’ils aient été membres de syndicats puissants ou faibles, voire pas syndiqués du tout. » On voilà, même si les négociations et les accords (le terme « contrat » n’est même utilisé) sont plus importants qu’ailleurs, comment la loi conserve une supériorité de principe.

 

Toutefois, non pas du fait de la mondialisation en général, mais de sa phase actuelle (la globalisation) ce modèle a une limite. Tant que les flux de capitaux, le Capital financier (c’est-à-dire le Capital au sens strict) restaient contrôlés par les nations, même si par ailleurs les produits circulaient librement et si les entreprises se constituaient en groupes transnationaux, le compromis était favorable au Travail et à la croissance économique. Les entreprises mondiales acceptaient alors un niveau élevé de protection sociale et des hauts salaires, qui leur donnaient leur marché.

Mais la dérégulation financière, qui est le fondement actuel de la mondialisation, ne permet plus de peser dans le compromis et le dialogue avec les directions des firmes transnationales de la même façon. Le Capital transnationalisé part comme il veut et quand il veut chercher ailleurs des avantages salariaux et fiscaux : sa rentabilité immédiate ne dépend plus de l’établissement dans une nation, où il profite une fois l’entreprise ou sa filiale installée, d’une certaine protection de la concurrence.

Aujourd’hui, la rentabilisation du Capital a toujours un besoin de main d’œuvre qualifiée, d’une consommation de masse, de réseaux d’infrastructures et de services performants et sur ces points les nations et les Etats peuvent toujours jouer pour favoriser et attirer les investissements, d’autant plus qu’une grande part de l’activité est assurée sur une base nationale et pas mondiale.

Mais les firmes transnationales voudraient le beurre et l’argent du beurre : la main d’œuvre, les services, les réseaux, le marché… mais sans effort sur les salaires et la fiscalité. Et la voie sociale-démocrate de négociation est maintenant désarmée face à la fluidité du Capital.

 

Il reste, là où la social-démocratie par sa longévité au pouvoir (en Suède, au Danemark), a marqué le « modèle » de société, malgré les reculs là aussi des années 1990, un héritage d’égalisation des revenus par une fiscalité directe et progressive forte. Elle a 3 avantages pratiques touchant, à la répartition du revenu, au financement de la protection sociale et des services publics et au niveau de vie moyen.

Or, cette fiscalité ne repose pas directement sur l’opposition Travail/Capital et le principe de socialisation du salaire (par les cotisations des entreprises) mais sur le principe d’égalité et la recherche du bien-être.

 

1.3.  Le socialisme et le syndicalisme de lutte et la lutte des classes comme condition première

 

On peut aussi fonder le mouvement salarié sur l’opposition Capital/Travail, en considérant que la lutte des classes échappe à sa résolution par son institutionnalisation car elle est une fin en soi, une condition autant qu’un instrument. Elle est le moyen le meilleur et le seul capable de changer les rapports économiques et sociaux, de mobiliser et de politiser la société contre le capitalisme et l’ordre néolibéral.

 

En même temps, les revendications et les propositions de réformes, même si l’on se considère révolutionnaire, sont incontournables : pour les partis, la pratique légale de la démocratie et donc de la candidature à des élections, avec un programme ou un équivalent, sont nécessaires, pour au moins exister ; pour les syndicats, sans rechercher la conquête du pouvoir politique, il s’agit quand même de s’insérer et de peser dans le fonctionnement institutionnel du monde du travail et de la sphère publique en général.

Dans ce cadre, le mouvement salarié fondé sur l’opposition capital/travail et la lutte des classes comme condition première et fin en soi formule des propositions, qui visent moins à avoir une application directe qu’à mobiliser pour créer le rapport de force qui permettrait ensuite leur application : reste d’esprit révolutionnaire, inconscient ou pas, il faudrait pour pouvoir appliquer ses réformes, au préalable, un bouleversement complet du paysage social. On se retrouve avec des alternatives qui n’en sont pas ou plutôt qui découleraient et qui iraient de soi une fois gagnée une alternative globale : le renversement du capitalisme et la destruction du Marché.

Les réformes dans cet esprit, ne sont pas conçues pour être appliquées et pour convaincre de leur possibilité et de leur efficacité. Elles sont conçues comme outils de la création d’un rapport de force, qui en réalité, ne serait efficient que s’il aboutissait au renversement complet du capitalisme et de l’économie de marché : c’est la lutte des classes qui reste la fin en soi et la réforme qui devient un outil abstrait car irréalisable directement, de son développement.

Cette forme de proposition et de revendication saute une étape : celle justement de la conviction des individus qui entretient leur mobilisation collective. Les réformes proposées ne visant pas (inconsciemment ou non) à être réalisées mais à mobiliser, la mobilisation de ne se fait plus car elles ne convainquent plus. Non tant parce que la volonté de changement aurait disparu, que la loyauté à l’égard du groupe et le sens du collectif auraient à ce point disparu, mais car les individus d’aujourd’hui sont plus éduqués, donc plus émancipés et plus pragmatiques, alors qu’en parallèle, les contre-modèles et les contre-repères qui allaient de soi se sont effondrées avec la chute du communisme et plus globalement le recul des grandes idéologies transformatrices. On retrouve Giddens en un sens, mais pas de le même que lui : l’individualisation n’est pas forcément ce que lui appelle la « détraditionnalisation ». Pourquoi postuler que l’individu individualisé, se défie par essence ou par nature, des institutions politiques, syndicales ou associatives, à moins de croire que l’individu est un être d’abord égoïste et intéressé (selon l’anthropologie libérale) ? Pourquoi postuler que l’individu individualisé se défie par avance des réformes radicales, à moins de croire que l’intégration des normes de l’économie néoclassique orthodoxe est l’intégration des normes d’une science inconstestable et de faits économiques indubitables ?

Ce serait oublier un peu vite que le développement des grands partis et grands syndicats, d’un mouvement associatif laïque puissant, a été à la fois dépendant, accompagnateur et condition de la démocratisation, qui est d’abord porteur une relation entre des individus-citoyens ayant leur opinion propre, se partageant la souveraineté, donc d’une autonomisation et d’une émancipation des individus des autorités établies et des liens communautaires.

L’individu individualisé a besoin, plus que jamais d’être convaincu, avant d’agir. Il a besoin de penser que des réformes, radicales ou non, réactionnaires ou progressistes, sont faites pour être réalisées et sont réalisables pour y adhérer. Les réflexes idéologiques passées, les sentiments d’appartenance à une classe et/ou une cause valable a priori, ne sont plus d’actualité. Les réformes proposées, de toute façon proposées que l’on se dise révolutionnaire ou non, ne peuvent plus être pensées comme des signes de reconnaissances, de ralliement et d’appartenance.

Les réformes doivent d’abord être des fins en soi, participant toutes à une transformation réelle et directe, pour pouvoir être, en tant que telles, des éléments de conviction. Il faut donc consciemment accepter qu’elles arrêtent d’être des éléments de création d’un rapport de force révolutionnaire, pour pouvoir en faire des éléments de mobilisation.

Les besoins sociaux ne peuvent plus se distinguer d’un besoin politique d’être convaincu conviction, besoin nouveau, la conviction n’allant plus de soi et n’étant plus une identification  a priori à la création d’un rapport de classe.

 

Du point de vue de l’acquisition des droits économiques et sociaux et de leur financement, le rapport Capital/Travail fondé sur la lutte des classes, insiste sur la taxation du Capital des entreprises : les cotisations sociales qui socialisent une partie du salaire (salaire indirect et différé).

Aboutissant à la garantie de droits, indépendamment de la maximalisation du profit par les entreprises, le financement des droits par les cotisations possède une supériorité de principe sur la fiscalité directe progressive.

Mais elle peut défavoriser sur la capacité d’investissements, économiquement utiles, des entreprises et présente un désavantage pratique. En effet, une constatation s’impose : la redistribution et l’égalisation des revenus sont les plus réussies dans les pays scandinaves, où la fiscalité s’appuie peu sur les entreprises (cotisations, impôts sur les société) et beaucoup sur l’impôt direct à forte progressivité.

 

Du point de vue de l’action et de la réflexion, une telle optique nécessite la re-création, en priorité, d’une conscience de classe, comme condition première de l’engagement. En même temps, l’opposition Capital/Travail et les pensées post-communistes inscrivent, consciemment ou non, ouvertement ou non, les salariés dans une mission historique : le dépassement du capitalisme, à partir de la revendication des droits issus du Travail. D’après ce que nous avons vu dans la seconde partie, nous prétendons que cette mission ne correspond plus à la longue à ce que les salariés sont et veulent et ne répond plus à leurs attentes et à leurs besoins.

Mais l’idée de cette mission et l’importance attachée aux luttes collectives amènent aussi à dénoncer la sortie du politique (comme histoire en construction et en action), l’égoïsme social et l’absence d’implication dans des organisations collectives, qui se diffusent dans la société, en partant d’abord des classes moyennes aisées, du salariat accompagnateur des classes dominantes.

C’est refuser la « fin de l’histoire » dans le capitalisme, comme la théorisation (par Antony Giddens) et la pratique (par le blairisme) de la détraditionnalisation.

 

On peut ne pas considérer que les luttes collectives sont dépassées, que la conscience de classe est devenue inatteignable, que les luttes de classes sont condamnées à disparaître. Mais il ne faudra pas seulement les repenser ou les refonder pour transformer et émanciper, au pire en regrettant le temps où elles allaient de soi, au mieux en se disant qu’un long et patient travail de pédagogie et de reconquête est à entreprendre.

Il ne suffira pas non plus de substituer (justement) la notion de salariat à celle de prolétariat pour fonder notre analyse sociale, ni d’orienter notre attention vers le salariat précaire et hyper-exploité, parent pauvre du mouvement social.

 

è Une troisième conclusion se dégage. Le modèle de la social-démocratie, plus socio-économique que politique, reste un modèle de redistribution et de crédibilité, un modèle d’efficacité fiscale et de financement des droits.

Mais, la social-démocratie comme modèle de compromis favorable au salariat, porte des insuffisances de principes pour résister à la globalisation financière et mobiliser les forces sociales pour la dépasser. Elle minore la dimension politique que fait ressurgir la globalisation par deux versants: la dérégulation des flux financiers, qui désarment les gouvernements et le compromis capital/travail; la dépolitisation, entretenue par le sentiment que rien ne peut changer cette situation, et par une volonté… politique (celle des lifes politics). Le mouvement ouvrier français, qui ne s’est pas constitué en contre-société mais dans un rapport direct au régime politique, doit renouer avec cet héritage historique majeur, que l’on retrouve dans la synthèse jauressienne.

 

Par ailleurs, le compromis institutionnel social-démocrate (la lutte des classes devenant en position originelle) comme le socialisme par la lutte, reposent tous les deux sur le primat, insuffisant maintenant, du rapport au couple Travail/Capital. Et la résolution de ce rapport par l’opposition irréductible des deux termes, qui pose la lutte des classes comme condition première, ne permet pas non plus une adaptation suffisante au monde réel, son déni n’ayant pas de sens si l’on veut agir autrement qu’en attendant la révolution au sens strict.

Dans ces conditions, si l’on considère que le compromis institutionnalisé de la social-démocratie et que la lutte des classes, sont d’abord des instruments dans la conquête de réformes progressistes et si l’on considère que ces instruments ne sont pas suffisants, il faut savoir de quels autres instruments l’on dispose et quels sont les autres motifs de réflexion, d’action et d’engagement qui peuvent opérer indépendamment de la relation Capital/Travail, mais dans et contre le capitalisme quand même.

 

 

  1. Combler nos insuffisances : quelles motivations et quelles alternatives dans et contre le capitalisme ?

 

2.1.  Lutte des classes, principes et besoins humains

 

Chez Marx et Engels, l’intérêt conceptuel de la lutte de classe est double. L’intérêt de classe est décrit à la fois en un sens étroit, comme une motivation matérielle, produit du mode de production et en un sens large, comme une volonté collective d’émancipation, de justice et de dépassement du capitalisme, c’est-à-dire comme une motivation philosophique, éthique ou « politique ».

La limite est que le marxisme considère qu’au départ, le comportement humain de classe est engendré par un mode de production et de satisfaction des besoins matériels, par une structure économique dont dépendent les superstructures politiques et morales : les comportements humains sont d’abord le résultat d’une organisation matérielle. Ce qui manque au marxisme, ce en quoi il rejoint la conception libérale de l’être économique, c’est la prise en compte a priori, comme structure, dans la constitution même d’un mode de production puis d’une volonté humaine, des idées et des principes éthiques et politiques.

Ne suivons donc pas entièrement Marx et Engels sur la lutte des classes. D’une part, les luttes de classes ne sont pas le moteur de l’histoire mais un des motifs de mobilisation de la pensée et des actes. D’autre part, elles ne sont pas à l’origine, le résultat unique d’une structure économique et d’une organisation de la société, mais de motivations politiques ou éthiques, qui existent aussi a priori.

 

Cela dit, en partant simplement des besoins humains, on constate aisément que les avantages matériels, l’accroissement de l’utilité et la recherche du bien-être motivent les comportements. A condition de signaler qu’il n’y a pas de séparation entre le domaine des principes et l’utilité. Le bien-être, comme l’explique Amartya Sen, qui classe 4 catégories d’informations pour comprendre les motivations d’une personne, c’est à la fois le « bien-être en terme d’accomplissement » (résultat dans l’accroissement de l’utilité) et le « bien-être en terme de liberté ». Nous rajouterons que c’est aussi le bien-être en terme d’égalité : le bien-être, c’est vivre bien, vivre libre, mais vivre bien et libre avec ses semblables.

Mais à côté du bien-être, le comportement a d’autres motifs. Ainsi, A. Sen insiste également sur l’action de la personne, au service de causes et d’engagements, d’objectifs plus vastes qui ne mènent pas forcément et directement à la recherche du bien-être, qui renvoient aux droits et libertés : « qualité d’agent [ou d’acteur] en terme d’accomplissement » (résultat dans la poursuite de ces objectifs) ; « qualité d’agent en terme de liberté » (dont la valeur n’est pas liée qu’au résultat mais qui a une valeur en soi). On pourrait ajouter à nouveau la dimension égalitaire de l’action, du fait que la revendication de droits mène à leur universalisation[6].

 

Au cours de l’époque contemporaine, on a vu les hommes agir puissamment mus par d’autres leviers d’identité et de volonté que celui de la conscience de classe, par des idées suscitées directement par la valeur qu’on leur accorde et non d’abord par leur rapport à l’émancipation d’une classe : la nation, la liberté, la souveraineté et l’égalité.

La révolution française en a été la plus grande illustration : les premiers révolutionnaires étaient appelés les « patriotes » ; le rejet de la monarchie absolue a vite conduit à la lutte démocratique puis à la République ; l’égalité a alors été liée à la liberté dans la rupture avec l’Ancien Régime. Et c’est là qu’on retrouve la question du bien-être et des besoins : cette dynamique d’approfondissement de la Révolution a été rendue possible par l’intervention de foules, composées de catégories différentes (salariés « intégrés » et petits propriétaires) qui, pour rompre avec l’Ancien régime, associaient leurs revendications de bien-être et les idées qu’ils adoptaient pour elles-mêmes, théorisées par d’autres classes sociales au départ (bourgeoisie et nobles éclairés)

Pour prendre un exemple le plus récent possible, le « non » au TCE, qui a montré une implication rare dans le débat et dans le vote démocratiques, a tiré sa force de cette mixité des motivations : contenu social, égalitaire et de classe dans le thème de l’Europe sociale ; dimension nationale, pour que la France porte une nouvelle donne en Europe ; volonté de reconquérir la souveraineté des peuples confisquée par les institutions européennes et par la rédaction du projet constitutionnel lui-même ; affirmation de la liberté de choix contre l’idée qu’une seule voie était possible dans l’UE.

 

Les luttes de classe, qu’elles soient affaiblies ou non, doivent être inclues (pour pouvoir d’ailleurs les reformer) dans une perspective plus vaste mais aussi plus en amont, cause et motivation supérieures de comportement, de réflexion et d’action : les êtres humains ont des besoins correspondant à leur bien-être et une Raison, correspondant aux fins de leurs actions. Ils attendent du fonctionnement de l’économie et de l’organisation sociale, l’amélioration de leur bien-être et l’adéquation à des principes (politiques ou éthiques). Leurs droits relèvent d’une recherche première, à la rencontre des besoins et des principes univerlisables, de la politique et/ou de l’éthique et de l’utilité, les deux termes formant un seul et même ensemble, à l’origine de l’organisation de l’économie et de la société. [7]

 

Nous devons nous appuyer sur des droits et une émancipation qui renvoient à l’universalité de cette condition humaine pour reconstruire un mouvement social et une société politique à la hauteur des enjeux de notre temps. C’est à la recherche d’une amélioration légitime du bien-être et à l’universalisation des principes éthiques et/ou politiques que nous devons nous attacher. Ensuite et à partir de cela, on peut trouver aussi des implications liées au fait d’être salarié ou de se sentir membre d’une classe sociale.

Nous bénéficions en France d’un héritage et d’une culture politique pour éclairer cette recherche : la fusion du mouvement ouvrier dans le républicanisme, le lien posé entre la transformation sociale et le régime politique qui la rend possible, qui est aussi une forme de lien entre besoins et principes politiques.

 

2.2.  La mobilisation du salariat et l’enjeu accompagnement/transformation

 

Si l’on pense que la mobilisation du salariat passe par la crédibilité des messages qu’on lui adresse (faisabilité politique et économique), il ne faut pas donner d’espace aux forces qui ne cherchent que l’accompagnement.

Elles occupent facilement la posture « réformiste » que les forces de transformation lui laissent. Il ne s’agit bien que d’une posture car ce n’est plus de progrès qu’il est question, mais de réformes à la marge d’une politique régressive (jugée inévitable). Ces forces politiques (à l’intérieur du PS ou des Verts) ou syndicales (CFDT d’abord) acceptent la pensée dominante en échange d’une part de pouvoir à sauver dans cette régression. Elles s’appuient sur le sur-salariat et le salariat gagné aux lifes politics, dont les besoins sont satisfaits et qui s’est dépolitisé, mais qui entend garantir sa représentation dans les institutions, à condition qu’elles ne remettent pas en cause l’ordre établi.  Le discours du « réformisme » est alors une légitimation de cette démarche.

 

La CFDT et les partisans à gauche de la réforme libérale sur les retraites en ont donné un exemple flagrant. Leur champ lexical était bien en priorité celui du « sauvetage » du système des retraites, sûrement pas celui de son avancée. L’enjeu était de montrer aux classes moyennes aisées, gravitant autour de la classe dominante, qui peuvent être ou se sentir gagnantes dans le libéralisme, que les institutions qui les représentent (syndicats ou partis) sont bien intégrées à la décision et au fonctionnement de l’Etat.

On a retrouvé le même mouvement dans la campagne de gauche pour le « oui » au TCE. Le message implicite était « surtout ne sortez pas de la dynamique (libérale) européenne, mais restez dedans puisque vous y avez gagné et que vous y gagnerez encore ». Elle jouait à la fois sur l’inconscience des conséquences pour la masse du salariat, l’abandon de l’esprit de lutte, de résistance comme de conquête, et l’idée de compromis nécessaires avec le libéralisme.

Mais la difficulté que nous avons à bloquer ce mouvement vient d’abord de nos propres blocages, de notre incapacité à produire des alternatives et un discours cohérent, logique et crédible face au pseudo-réformisme.

 

2.3.  Quelles alternatives pour et par le salariat ? L’exemple des services publics et de la protection sociale

 

L’héritage post-communiste, de la lutte des classes marxiste comme condition première de la motivation, de l’action et de l’émancipation, se traduit par un blocage dans la pratique, que sa théorisation et sa formulation soient explicites ou implicites, conscientes ou inconscientes. Les alternatives, les revendications et les discours qui sont alors portés mettent trop haut ou trop loin l’objectif de progrès car le véritable but est ailleurs ou à côté du salariat :

-          soit il serait nécessaire que le capitalisme ait déjà été dépassé pour rendre cet objectif faisable

-          soit il s’agirait en réalité de mener une pédagogie de l’anticapitalisme et de préparer constamment des luttes plus vastes plutôt que de proposer des objectifs réalisables et atteignables par étapes.

                                                           

Dans les deux cas, les alternatives passent par un déni de l’existant pour ne pas s’y adapter et par la construction d’une surréalité : ce qui compterait en soi serait la lutte ; s’adapter serait accepter et accompagner. L’idéal visé ou présupposé est décliné sans présenter des étapes pour y parvenir, qui opéreraient sur la réalité, sans les mettre en perspective avec les moyens et les fins économiques. Dans les deux cas, on ne mobilise guère la société, tant que les alternatives restent des abstractions, tant qu’elles enferment le salariat dans une mission historique et dans la posture Travail contre Capital. Et on ne transforme pas grand-chose : la question de la propriété, les droits issus du travail pour le partage de la valeur ajoutée ne sont pas suffisants.

Finalement, il faut rappeler que Travail et Capital ne sont que les deux faces du capitalisme, l’un étant créé par l’autre. Et à moins de penser que cette contradiction interne  mène à l’écroulement du capitalisme, comme le pensait Marx, il y a maintenant… un siècle et demi… il faut proposer autre chose à un salariat qui maintenant, est quasiment toute la société.

 

Ainsi les droits revendiqués, notamment en terme de services publics et de protection sociale, ne sont pas appuyés sur une réflexion sérieuse sur leurs principes, leur financement et sur leurs rapports avec la vitalité et la transformation de l’économie.

L’extension indéfinie des services publics fait abstraction de leur coût et de l’effort financier qu’ils représenteraient pour les salariés eux-mêmes, qui sont aussi à des degrés divers des contribuables, dont la plupart ne travaillent pas dans ces services et qui sont conscients de la solidité économique nécessaire pour garantir leur revenus.

Elle fait en même temps abstraction de la diversité des origines, des fonctions et des niveaux d’utilité de ces services publics. Restent deux  principes rendant cohérents cette extension : le recul de la propriété privée et la nationalisation des entreprises (de service) ; l’égalité.

 

Mais peut-on mettre sur le même plan, sans hiérarchie en fonction de leur rôle politique, social et économique, les services publics ?

-          certains sont des institutions : l’Ecole, les missions « régaliennes » de l’Etat… et certaines de ces institutions participent en outre à la vitalité de l’économie (l’école et l’économie de la connaissance notamment).

-          d’autres influent sur la solidité et l’attractivité économique de nos territoires : les services de réseaux, d’énergie, de transports et de télécommunication

-          d’autres relèvent d’une logique d’assistance sociale, touchant à des besoins vitaux (hôpital, eau) ou mal assurés dans le cadre du marché (le logement, la petite enfance)

 

Non qu’il faille arrêter a priori le service public à des « biens premiers »[8] qui seraient suffisants pour garantir la justice.

Son extension peut se faire tant qu’il répond à des besoins, à des principes mais aussi à une satisfaction de l’utilité et du bien-être. Les services publics doivent être financés par un prélèvement sur le revenu national, mais ils ne doivent pas être séparés de la capacité de reproduire ou d’accroître, et pas seulement de prélever, le revenu. Et on peut assurer, dans certains cas, l’égalité par la loi sans forcément avoir besoin de la propriété étatique.

Ainsi, ne pourrait-on chercher à distinguer les services, entre ceux qui répondent à des besoins sociaux et à une efficacité économique mais que la loi peut, au nom de l’intérêt général, encadrer et ceux qui présentent un caractère nécessaire pour notre solidité économique ou qui fassent écho à des exigences de principes sur nos institutions.

 

Quant au financement de la protection sociale, si on le limite à la hausse des cotisations sociales,  il reste d’abord conçu pour taxer directement le Capital et non en fonction de l’efficacité fiscale et de la capacité d’investissement des entreprises.

Ainsi l’expérience des pays scandinaves a pu montrer que l’impôt direct et progressif était plus efficace pour financer l’ensemble des besoins en protection sociale. En même temps, un tel impôt égalise mieux les revenus, vise mieux et directement la classe dominante et son relais du sur-salariat que les cotisations sociales. De même, la hausse des salaires directs peut tout autant permettre le partage de la valeur ajoutée et l’accroissement de l’utilité que la socialisation du salaire indirect et différé, par les cotisations sociales.

 

Certes tout cela touche moins directement au Capital, mais est-ce vraiment de cela qu’a envie le cœur du salariat et le sous-salariat, davantage que d’égalité et de bien-être ? La question des moyens de l’égalité et du bien-être ne passe pas forcément pas la relation Travail/Capital.

En outre, il s’agit moins de s’adresser au salariat comme ensemble de salariés représentant le Travail, mais comme ensemble s’identifiant maintenant à la société, comme ensemble portant moins un intérêt de classe que l’intérêt général. En effet, on a vu qu’une frange de ce salariat en haut, ne pouvait guère s’identifier à cet intérêt de classe et qu’une part importante, en bas, ne pouvait guère se reconnaître dans les droits issus du Travail.

 

è En restant dans l’opposition Capital/Travail et dans la lutte des classes comme condition première, on aboutit toujours à l’idée que l’essentiel est de mobiliser ceux qui représentent le Travail (le salariat) pour la taxation directe du Capital (socialisation du salaire, impôts sur les sociétés etc…) ou la nationalisation du Capital (services publics etc…). Au lieu de mettre en perspective un modèle économique alternatif qui permette de répondre aux besoins sociaux, égaux et légitimes.

Non que bon nombre de droits ne puissent être issus du rapport au Travail, contre le Capital. Non que des nationalisations et les cotisations ne soient pas indispensables. Mais ces droits et instruments doivent être subordonnées et mis au service de droits issus de ces besoins et de principes, suscitant l’action et l’engagement vers de nouvelles étapes de progrès, distinctes, claires et identifiables, plus que vers un idéal implicite de renversement du Capital par le Travail ou par l’Etat représentant les travailleurs.

 

Mobiliser et mettre en mouvement le salariat identifié à la société nécessite deux conditions :

-          Convaincre par la crédibilité des objectifs : il s’agit moins d’opposer le Travail au Capital et de réclamer des droits issus du travail, que d’exiger des droits issus des besoins individuels et sociaux, de bien-être, à la fois comme utilité, liberté et égalité.

-          Susciter l’implication directe et l’engagement dans la lutte et au nom de l’universalité, de l’intérêt général qui passe par la loi.

 

Le compromis social-démocrate dans le rapport Travail/Capital n’est pas suffisant face au Capital financier globalisé. Nos propositions et nos alternatives doivent permettre également d’une part, de reconstruire des luttes et une implication durable du salariat identifiée à la société, d’autre part d’universaliser les droits : la loi restant supérieure au contrat pour cela.

Seulement, ce qui est nouveau est que ces luttes ne dépendent pas d’abord de la conscience de classe et du rapport au Travail mais de la conscience politique et du rapport aux besoins  et à l’égalité. C’est là qu’on peut retrouver le modèle social-démocrate comme lien entre parti et syndicat, comme structure et forme d’organisation qui permet de mieux lier ces deux termes.

 

On dira alors que ce n’est pas le dépassement du capitalisme qui devient l’objectif prioritaire. Il s’agit plutôt de soustraire l’économie au Capital financier globalisé, par les droits issus des besoins et par l’universalité des droits. Est-ce que ce n’est pas comme cela, en agissant dans la réalité, en partant su capitalisme tel qu’il se présente, que l’on transformera d’autant plus la réalité… et le capitalisme ? Quant à son dépassement, il ne dépend ensuite que d’une capacité durable à proposer en continu des étapes toujours nouvelles de progrès.

 

SB



[1] DSK ou Rocard, à la « mode de chez nous ».

[2] Lénine n’était-il pas (avant de prendre la direction en son sein, du courant bolchevik) un cadre du parti ouvrier social-démocrate russe (POSDR) ?

[3] C’est bien le fondement du socialisme (avec Marx au plus haut point) que de définir ce qu’est le capitalisme d’abord, pour proposer quelle mode de pensée et d’action il exige et tendre vers un nouveau système ensuite.

[4] Utilisons ce mot plutôt que celui de « contrat » : la société n’est jamais réellement fondée sur des contrats entre individus ou organisations, mais sur des institutions, des rapports sociaux et des équilibres pratiques. Il n’y a qu’un seul contrat a priori, qui est une substance abstraire et globalisante, qui ne repose pas a priori sur la situation de ceux qui le contractent (comme s’ils étaient à « l’état de nature »): le contrat social.

[5] C’est l’auteur lui-même qui surligne ce mot, à la page 58 de son livre, que n’a pas du lire Michel Rocard, qui l’a pourtant préfacé.

[6] En particulier et d’abord le droit démocratique à la souveraineté et au suffrage universel.

[7] On retrouve le lien fait par A. Sen dans Ethique et économie ou la conception de la Cité, de la citoyenneté et de l’Homme « animal politique » développée par Aristote.

[8] Pour se référer à la conception de l’égalité selon John Rawls.

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