CONSEIL NATIONAL DU SNES DES 13 ET 14 JANVIER 2009
Situation générale
Même si la crise financière et boursière semble se ralentir les conséquences de la crise du capitalisme se font lourdement sentir pour les salariés et retraités. Cette crise traverse l’ensemble des pays européens, prenant des expressions différentes selon notamment l’existence de moyens publics susceptibles d’en limiter les effets. Elle révèle la faillite d’un système qui prône la baisse des coûts salariaux et des dépenses publiques, la rentabilité à court terme.
Les conséquences sur l’emploi frappent l’ensemble de la population, notamment les jeunes, très touchés par le chômage et la précarité.
Tout en annonçant un plan de relance qui ne pourra répondre au contexte économique et social, le gouvernement poursuit des réformes touchant les secteurs aussi divers que l’audiovisuel, la justice, le fonctionnement des institutions, … le plus souvent sans concertation en s’appuyant sur la crise pour justifier la plupart de ses choix.
Les plans de relance mis en place par les pays européens ne sont pas à la hauteur des enjeux, privilégiant le sauvetage des banques et des entreprises sans s’attaquer aux causes du mal ; en France, le plan de relance de l’économie et l’emploi présenté en décembre (26 milliards d’euros) ignore l’investissement dans les services publics, la situation des salariés et chômeurs. Il passe sous silence les instruments qui permettraient une politique salariale susceptible de relancer la consommation ainsi que les questions relatives à la protection sociales et aux minima sociaux.
Alors que des drames récents mettent en évidence l’asphyxie de l’hôpital, la loi Bachelot a pour objectif de réduire encore les « coûts », supprimer des lits et faire gérer l’hôpital comme une entreprise. Le SNES combat cette loi qui porte en elle des germes de privatisation et va générer l’aggravation de l’accès aux soins. Il appelle à participer aux actions menées autour des hôpitaux notamment le samedi 24 janvier.
Cette crise a incité l’ensemble des organisations syndicales à construire une mobilisation commune et à appeler salariés du privé et du public, chômeurs et retraités à une grande journée d’action interprofessionnelle le 29 janvier ; la plateforme intègre en plus des questions d’emploi, précarité, salaire et pouvoir d’achat, protection sociale, les problématiques fonction publique, ce qui est positif.
Partout dans le pays, les mobilisations se construisent et le besoin de débat public émerge ce qui contraint le gouvernement à bouger.
Ainsi, dans l’éducation, les actions continues et convergentes des personnels, des parents et des lycéen, le travail d’explication mené par le SNES ont conduit le ministre a progressivement transformer son projet. Ces actions ont amené le Président de la République, inquiet de la montée d’un mouvement des jeunes à annoncer le retrait de la réforme Darcos des lycées ; la pression mise par la communauté éducative, les actions diversifiées impulsées par le Snes et les SN de la FSU (réveillons revendicatifs, rassemblements du 10/12, débats…), la forte participation aux élections professionnelles et le résultat de ces élections ont conduit à des évolutions de la politique gouvernementale : retour sur la suppression de 1.500 postes de Rased, maintien des concours de recrutement au niveau de 2008.
Il s’agit bien aujourd’hui de pousser d’avantage et de peser pour un retour sur l’ensemble des suppressions de postes et un budget 2010 à la hauteur ; une revalorisation de nos métiers.
Dans l’immédiat, exigeons l’annulation de la suppression des 3.000 emplois de remplacement, d’autant plus inacceptable que les besoins sont criants dans les académies. C’est pourquoi le Snes appelle les personnels à s’investir dans les manifestations du 17/01, poursuivre les débats sur le lycée, débattre avec les personnels des suites de l’action. ; a donné une visibilité aux questions éducatives lors de la journée interprofessionnelle du 29 janvier.
Dans l’éducation
Le ministre et le président se veulent rassurants : Darcos annonce vouloir « repartir de zéro » et « discuter sans tabou » sur les transformations du lycée. Le président Sarkozy déclare que la réforme du lycée se fera « sans enlever un centime ni supprimer un poste », contredisant ainsi ce qu’il déclarait il y a un an sur la nécessité de réformer pour économiser !
Pour autant, le gouvernement ne revient pas sur l’ensemble de sa politique éducative et les suppressions de postes.
Le SNES doit continuer à être à l’offensive sur l’ensemble des questions liées au second degré :
1) Sur les voies générales et technologiques du lycée, considérant qu’une réforme démocratique est nécessaire, il doit continuer à mener le débat avec la profession sur les évolutions nécessaires à partir des mandats qu’il s’est donnés au fil des précédents congrès et qu’il a construits dans l’objectif de relancer la démocratisation du second degré :
- amélioration des conditions d’enseignement et d’étude (effectifs, horaires-prof permettant de varier les pratiques et situations pédagogiques…) ;
- réflexion sur les contenus qui doit rester un préalable à la définition des structures, contrairement à ce que prétendait faire le projet Darcos. Des équilibres disciplinaires cohérents doivent permettre l’appropriation par tous les lycéens d’une culture commune complète, l’approfondissement de certains champs sans enfermement et la construction de passerelles pertinentes et effectives entre les séries et les voies;
- développement des 2 voies (technologique et générale) qui doivent rester structurées en séries suffisamment diversifiées, sans hiérarchie et menant à des baccalauréats, premier grade universitaire, attestant le niveau IV de qualification. La conception de ces series doit permettre le développement réel de passerelles contribuant à lutter contre les enfermements et les hiérarchies. La classe de seconde doit rester conçue comme une classe de détermination et son organisation doit lutter contre les dérives actuelles de prédétermination et de sélection sociale;
- réflexion sur l’aide et l’apprentissage de l’autonomie qui ne peut se traiter par le renvoi du soutien, de l’aide individualisée et de l’interdisciplinarité à l’extérieur du cours et de l’enseignement disciplinaire comme l’envisageait le projet Darcos.
- Toute réforme du lycée général et technologique doit s’articuler avec la réflexion sur les missions du collège et avec la voie professionnelle. A ce titre le SNES rappelle sa demande de l’arrêt de la généralisation du bac pro en trois ans.
En tout état de cause, le SNES rappelle que toute discussion avec le ministère doit intégrer des assurances qu’il a fait acter à l’automne : abandon du tout modulaire, maintien de la voie technologique, abandon de la limitation de l’horaire élève à 27 heures hebdomadaires, définition hebdomadaire des services des enseignants, maintien du baccalauréat premier grade universitaire. Elle doit prévoir les modalités de consultation des personnels.
Prenant acte de la nomination de Richard Descoings à la tête d’une mission de concertation pour réformer le lycée, le Snes dénonce une méthode qui laisse à un chargé de mission le soin de mener les discussions sans capacité de trancher les divergences. Il rappelle son exigence de discussions directes avec le Ministre.
Le SNES est déterminé à poursuivre le travail de débat et d’explications avec les lycéens et les parents dans la transparence. Comme il l’a fait jusqu’à présent, il informera régulièrement les personnels de la teneur des projets, des ses interventions et organisera les consultations nécessaires de la profession.
2) Sur le collège, le Snes réaffirme ses exigences sur les conditions de travail des personnels qui se dégradent (augmentation des effectifs de classe, absence de dédoublements, alourdissement de la charge et du temps de travail par les multiplications des HS et l’imposition de tâches nouvelles…), refuse une école à deux vitesses institutionnalisée par la loi Fillon, la mise en place progressive du socle commun, la suppression programmée de la carte scolaire, l’abandon d’une véritable politique de l’éducation prioritaire, la généralisation de l’accompagnement éducatif , la mise en place des dispositifs DIMA et enfin des programmes rétrogrades dans de nombreuses disciplines.
3) Sur l’orientation, il renouvelle sa demande d’ouverture immédiate de discussions sur l’avenir des services d’orientation et sur la conception d’une orientation scolaire au service de la réussite des jeunes, respectant la qualification des COPsy et DCIO. Le SNES mettra tout en œuvre pour s’opposer à la volonté d’affaiblissement des CIO via la création d’un service régional d’« orientation tout au long de la vie ». Il appelle les enseignants à refuser tout glissement de leurs missions correspondant à une surcharge de travail pour eux et à une mise à l’écart des établissements pour les COPsy. Le SNES renouvelle son appel au refus collectif des entretiens d’orientation systématisés par le professeu principal en lieu et place des COPsy.
Le prochain congrès national doit être l’occasion d’un vaste débat sur un ensemble de propositions concrètes déclinant ces principes
Le SNES interviendra à tous les échelons sur le calendrier du baccalauréat 2009 si le ministre persiste à vouloir maintenir son opération « reconquête du mois de juin » dont l’expérimentation l’an dernier a montré l’inefficacité.
Dans la poursuite de son opposition exprimée l’an dernier, il appelle les collègues à ne pas participer à la certification en langues vivantes par des organismes extérieurs dans les sections européennes, ni aux stages organisés pendant les vacances.
Rôle et avenir des CAP
La FSU avait obtenu, dans le cadre de l’accord sur le dialogue social dans la fonction publique que le rôle des CAP ne soit pas remis en cause. A l’occasion du mouvement des personnels enseignants du second degré une tentative avait été faite par le ministère de l’éducation nationale d’affaiblir le rôle des CAP. Des assurances avaient été données, suite aux interventions du SNES, que rien ne serait fait pour remettre en cause les possibilités de contrôle et d’intervention des commissaires paritaires. Aujourd’hui, à travers des décisions présentées comme « techniques », le ministère refuse de mettre à disposition des commissaires paritaires les documents nécessaires au bon exercice de leur mandat d’élu, leur interdisant, dans de nombreux cas, la capacité de vérifier le respect des règles, de faire effectuer la correction des erreurs commises par l’administration et de pouvoir proposer des améliorations du projet de mouvement préparé par l’administration. Alors qu’avec un taux de participation en hausse les personnels ont marqué lors des dernières élections professionnelles leur attachement au paritarisme, le ministère fait le choix de la provocation et de l’affaiblissement du rôle des élus du personnel, permettant à l’administration, pour les mutations des enseignants, d’opérer des mutations à la tête du client sans le respect de règles transparentes, équitables et applicables à tous. Cela aggrave encore la situation créée par le développement des postes à profil. Dans ce contexte, la publication du projet de mouvement ne peut que se retourner contre les personnels et réduire, dans les faits, leurs droits. Le SNES exige que tous les moyens (documents, décharges, temps de réunion, …) soient donnés aux élus des personnels pour assurer la mission que les personnels leur ont confiée lors des élections de décembre. D’ors et déjà le SNES a entrepris des démarches pour mettre en place une réaction intersyndicale (démarche intersyndicale auprès du ministère). Au cas où dans les jours qui viennent le ministère ne reviendrait pas sur sa décision, le SNES engagera une campagne en direction des personnels, en particulier ceux ayant demandé leur mutation, en utilisant tous les outils d’information et de mobilisation. Il mettra en place une pétition électronique sans écarter d’autres formes d’action dans les semaines qui viennent en recherchant l’unité syndicale la plus large.
.
Les suppressions d’emplois
Le ministère n’a pas pu imposer une réforme des lycées dont un des objectifs majeurs était la suppression massive d’emplois dans les lycées d’enseignement général et technique. Pour autant le ministère maintient aujourd’hui sa volonté de faire disparaître des établissements du second degré des milliers d’emplois à la prochaine rentrée. Le SNES continue à s’opposer avec détermination à ces suppressions d’emplois et demande au ministre un moratoire sur l’ensemble de ces suppressions. D’ores et déjà, le Snes engage la bataille du remplacement, alors que les recteurs sont dans l’incapacité depuis longtemps d’assurer toutes les suppléances. Il appelle les S1 à faire l’inventaire des besoins et exige que le Ministère laisse aux académies les 3000 postes qu’il entendait leur reprendre au titre du remplacement. Les problèmes de remplacement ont des conséquences sur les TZR : fusion de zones, multiplication des compléments de service, affectations hors zone, pressions de l’administration.
Si le maintien, aux concours 2009, du nombre de postes de 2008 est une avancée puisqu’il permet d’annuler, de fait, la suppression de 1000 stagiaires prévue au budget 2009, le SNES sera particulièrement attentif à ce que le nombre de reçus ne conduise pas à remettre en cause cette décision. Cependant l’absence de recrutement dans les disciplines STI peut justifier les craintes sur l’avenir de la voie technique industrielle dans le second degré.
Pour autant, le maintien en 2009 du nombre de postes au concours 2008 ne fait pas oublier le nombre insuffisant de recrutés, en particulier en raison des baisses de ces 5 dernières années, baisse qui ne permet pas le remplacement des départs à la retraite et s’inscrit dans la logique du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Le SNES continue d’exiger une augmentation significative des postes au concours de recrutement des personnels d’enseignement, d’éducation et d’orientation.
C’est bien l’objectif, non remis en cause à ce jour par le gouvernement, du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant en retraite qu’il convient donc aujourd’hui de continuer à combattre avec détermination en particulier dans l’Education nationale
L’élévation du niveau de recrutement des enseignants
Les propositions actuelles du ministère sur l’élévation du niveau de recrutement des enseignants continuent, sur certains points à poser de graves problèmes tant sur les contenus de concours que sur la formation initiale et l’organisation de l’année de stage. Sur les concours :
· le contenu de certaines épreuves, en particulier, l’épreuve d’admission sur la connaissance du système éducatif et de la composition du jury, en particulier la présence de la « société civile ».
· La répartition actuelle des coefficients n’est pas acceptable : là aussi l’épreuve de connaissance du « système éducatif » a un poids trop élevé.
· Le contenu disciplinaire des épreuves du troisième concours s’avère insuffisant. De plus la construction dans la précipitation des maquettes des concours et des masters ne permet pas d’assurer dès 2010 un concours dans de bonnes conditions. Le SNES demande donc le report à 2011 de la mise en place du nouveau concours. Le SNES considère que ce report, en plus de permettre une meilleure préparation et une meilleure négociation sur les maquettes de concours et de master, permettra aussi de mettre en place une situation transitoire d’élévation du niveau de recrutement visant, en particulier, à ne pas pénaliser de façon excessive les étudiants collés aux concours de recrutement de 2009. Le SNES propose que les concours de la session 2010 soient ouverts aux candidats titulaires d’une licence, inscrits en M1. Les candidats pour être reçus définitivement au concours devront obtenir le M1. Les épreuves de ce concours transitoire seront les mêmes qu’actuellement.
Par ailleurs au delà même des épreuves le SNES exige une véritable formation professionnelle, incompatible avec une année de stage comportant un service complet en responsabilité. Enfin le SNES rappelle son exigence de pré-recrutements, seul moyen d’élever le niveau de recrutement des enseignants sans écarter les étudiants issus de milieu modeste et sans être rapidement confronté à une crise de recrutement Dès maintenant le Snes prend l’initiative d’une campagne d’information et de mobilisation visant à la mise en place de pré-recrutements. Il propose que ce sujet soit pris en charge avec les autres syndicats concernés de la Fsu.
Revalorisation
Le SNES continue d’exiger, sans délais, et sans conditions, l’ouverture de négociations sur la revalorisation des personnels du second degré d’enseignement d’éducation et d’orientation. Les déclarations de N. Sarkozy, lors de ses « vœux aux personnels de l’Education nationale » sont inacceptables en ce qu’elles lient la revalorisation des personnels à la réforme des lycées. Le SNES ne peut accepter une telle logique pour trois raisons. D’abord parce qu’elle constitue un chantage visant à n’attribuer des mesures de revalorisation que contre l’acceptation de la future réforme. Ensuite parce que la revalorisation nécessaire de nos métiers découle des dégradations de nos conditions d’emploi et de rémunération qui s’accumulent depuis plusieurs années ; pour le SNES c’est à cela que tout plan de revalorisation doit répondre. Enfin parce qu’une telle logique conduirait à une revalorisation des seuls personnels de lycée. Le SNES rappelle donc qu’il réclame un plan de revalorisation qui bénéficie à l’ensemble des personnels d’enseignement d’éducation et d’orientation du second degré et que ce plan doit comporter un volet portant sur les rémunérations et un volet sur l’amélioration des conditions de service et d’emploi.
Retraités
Pour les retraités l’indexation des pensions sur les prix n’est plus assurée. Après 0,2% de nouvelles pertes en 2007, puis 1,5% en 2008, le gouvernement reporte toute décision d’ajustement à avril 2009. Le SNES demande que les mesures prises compensent les pertes subies avec effet au 1er janvier 2009.
Laïcité
L’accord passé entre la France et le Vatican visant à une reconnaissance systématique des titres et diplômes attribués par les universités catholiques est une nouvelle atteinte à la laïcité. De plus elle conduit à une remise en cause du monopole des grades universitaires par l’Etat. En effet cet accord met en place une reconnaissance a priori des diplômes attribués par les universités catholiques en lieu et place d’un contrôle plus systématique de l’Etat par le Recteur ou dans le cadre de convention entre les universités publiques et les universités catholiques. Le SNES dénonce cet accord et exige sa remise en cause. Il recherche avec les mouvements laïques les conditions d’une réaction unitaire
Action
A tous les niveaux, il est nécessaire d’envisager la suite des actions d’ores et déjà programmées. Les thématiques développées à travers l’appel du 29 janvier doivent trouver une concrétisation dans les politiques nationales et européennes, un véritable plan de relance de l’économie, l’investissement dans les services publics, l’amélioration de la protection sociale. Le conseil national appelle les personnels a faire de cette journée du 29 janvier une grande réussite ;
le Snes s’inscrira dans les suites inter professionnelles du 29 janvier débattues lors d’une nouvelle réunion des confédérations début février.
Au niveau Fonction publique il mandate la FSU
- pour construire avec les autres fédérations les ripostes nécessaires pour exiger l’ouverture de négociations immédiates sur le pouvoir d’achat et une autre politique de l’emploi ;
- pour proposer des initiatives à tous les niveaux sur le devenir de la Fonction publique et des services publics
-
Le SNES diffusera et fera remplir le publiscope élaboré par la FSU.
Dans l’Education, le Snes appelle à poursuivre les débats initiés dans les manifestations organisées le 17 janvier, mettre en débat les suites de l’action. Les reculs du gouvernement prouvent que les mobilisations conjointes des personnels et des lycéens, l’appui des parents d’élèves et du mouvement associatif sont payantes. Il s’agit donc de maintenir la pression pour exiger la restitution des postes supprimés pour la rentrée 2009, notamment pour le remplacement, peser sur le futur budget 2010, obtenir qu’enfin s’ouvrent des négociations sur la revalorisation des différents personnels de l’Education nationale, exiger dans l’immédiat l’octroi d’une journée banalisée dans tous les établissements.
Le Snes poursuivra à tous les niveaux son travail avec les organisations syndicales lycéennes. Il soutient leur mobilisation dénonçant légitimement les suppressions d’emplois à la rentrée 2009. Il créera les conditions d’une participation des collègues aux manifestations au côté des lycéens lors des journées nationales d’action, par dépôt de préavis de grève.
Le Snes dénonce toutes les sanctions d’ordre administratif ou judiciaire prises à l’encontre des lycéens au motif de leur implication dans les mobilisations. Il interviendra en lien étroit avec les S1 concernés pour les cas signalés.
Pour atteindre ces objectifs le Snes proposera avec la FSU aux autres fédérations de l’éducation un plan d’action permettant d’affirmer notre détermination à poursuivre:
- En continuant le travail d’information auprès de l’opinion
- En menant une campagne sur le remplacement
- En utilisant la période de préparation de rentrée dans les établissements pour dénoncer les suppressions de postes et la situation des personnels chargés du remplacement. Il appelle à mobiliser en fonction du calendrier de rentrée en mettant en place « les nuits du second degré » à la même date début février afin d’alerter sur les conséquences des suppressions, il invite les personnels à envoyer au Président de la République une carte de vœux recensant les demandes des personnels
- En organisant durant la période des congés de février des actions par zones inscrites dans un cadre national dont les modalités seront définies dans une prochaine instance en fonction du bilan des action de la deuxième quinzaine de janvier et de la situation dans les différentes académies.
A l’issue des congés d’hiver, le Snes mandate la Fsu pour proposer aux autres fédérations de nouveaux temps forts dans l’Education ( grève, manifestations académiques…)pour inverser les orientations de la politique éducative.
Il contribuera aux évolutions du mouvement interprofessionnel et veillera à l’articulation avec les mobilisations dans l’éducation (
Une vraie réforme du lycée doit être guidée par le souci de la démocratisation et de l’amélioration des conditions de travail des personnels. Elle doit se faire en lien avec une réflexion sur les réformes nécessaires du collège et de l’Université.
1) Réduire les effectifs des classes.
2) Remettre les contenus au cœur de la réflexion.
Le lycée général et technologique doit être guidé, lui aussi, par les principes de la culture commune : le lycée forme le citoyen et prépare aux études supérieures ; le lycée technologique est fondé en outre sur le principe de la double finalité (formation citoyenne et préparation aux formations professionnelles du supérieur). Des contenus solides de formation sont donc indispensables : on ne peut réfléchir sur une réforme du lycée sans commencer par s’interroger sur les missions de celui-ci, et en ne parlant que des structures.
3) Poser la question des horaires de façon plus pertinente, en prenant en compte la réalité du travail des élèves et la diversité des séries.
Poser la réduction horaire comme un préalable est une réponse démagogique alors qu’il faudrait repenser le temps de l’enseignement, varier les modalités du travail des élèves et leur donner les moyens effectifs d’un travail en autonomie ce qui passe par un horaire-prof supérieur à l’horaire élève.
4) Proposer des situations d’apprentissage diversifiées aux élèves d’une classe (dédoublements, séances en groupe de taille très réduite…) pour créer toutes les conditions de la réussite scolaire, mais aussi aider les lycéens dans leur apprentissage de l’autonomie.
5) S’attaquer réellement à la difficulté scolaire qui doit être traitée prioritairement par l’enseignant « dans le cours », mais il faut pour cela des conditions de travail améliorées. Des effectifs surchargés empêchent la diversification des pratiques pédagogiques, obligent souvent les enseignants à recourir au « cours magistral » et à une pédagogie implicite, souvent problématique pour les élèves en difficulté. La lutte contre l’échec scolaire demande des moyens à mettre en œuvre de la préscolarisation des deux ans à la 3ème de collège, et c’est dans cette dynamique que doit s’inscrire la remédiation en lycée
6) Faire de la classe de 2nde une véritable classe de détermination. Il faut à la fois du temps et des structures pour permettre aux enseignants de remédier aux difficultés des élèves, et une organisation qui permette aux élèves de préparer leur orientation ultérieure. L’articulation entre le tronc commun et les options, ainsi qu’entre les enseignements de 2nde et ceux du cycle terminal, doit être repensée. Le maintien de l’ enseignement de détermination facultatif doit permettre aux élèves de découvrir des disciplines qui n’existent pas aux collèges, ou qui y sont enseignés de manière optionnelle. Il faut proposer à l’issue de la 2nde des passerelles pour la série de leur choix, en assurant les conditions de leur réussite. A la logique ministérielle du tout modulaire, le SNES oppose celle de l’option.
7) Maintenir et diversifier les séries de l’enseignement général. Elles sont efficaces si elles sont équilibrées (suffisamment larges et typées) et diversifiées (ce qui est nécessaire pour offrir différentes voies de réussite) afin d'assurer l’égalité entre élèves. Nous refusons la hiérarchisation des séries et des voies, qui reproduit dans l’école des hiérarchies sociales injustes. Toutes les séries doivent être des voies de réussite, et il est absurde de hiérarchiser les contenus en fonction de leur prétendue « utilité ».
Il faut rénover la série L : elle apparaît trop souvent aux élèves comme étant « spécialisée par défaut ». Il faut à la fois en refaire une « série générale », (rétablir un enseignement solide de mathématiques), et lui donner une identité plus forte (place de la philosophie dès la classe de première ? renforcement des enseignements artistiques ?) et plus attractive.
La « suprématie » de la série S est liée à son contenu mais aussi aux stratégies individuelles des familles. Il faut lutter par l’information contre ces pratiques (renforcées par la réforme Darcos). Ne doit elle pas être rééquilibrée pour répondre mieux à la diversité des disciplines enseignées ?
Quant à la série ES, son équilibre, sa réussite et sa contribution à la démocratisation du baccalauréat sont reconnus par tous… pourquoi vouloir la faire disparaître ?
8) Renforcer les séries technologiques. Les enseignements doivent permettre la poursuite d’études, et pas seulement vers le BTS. Il faut maintenir à ces formations leur spécificité qui permet des enseignements exigeants tant dans les disciplines générales que technologiques. La mise en cohérence des enseignements suppose une organisation qui ne peut se fondre dans l’organisation en « briques » et « modules » tels que ceux présentés par la réforme Darcos. Une véritable voie technologique demande des enseignements lourds et ne peut se résumer à un saupoudrage de modules technologiques. Le SNES demande le rétablissement des formations BEP, l’arrêt de la généralisation de la réforme du bac pro en 3 ans, qui va se substituer au bac techno actuel alors que ces deux bacs ont leurs finalités propres.
9) Multiplier les passerelles entre les séries et voies de formation, pour éviter les sorties sans qualification ou les arrêts trop précoces des études. Ces passerelles doivent permettre à un élève de passer d’une série à l’autre en cours de formation. A la logique de Darcos consistant à accélérer les flux d’élèves, il faut réfléchir au doublement Si on ne peut les défendre par principe ils ne peuvent pas être rejetés catégoriquement, mais pourraient être évités plus souvent si les enseignants avaient le temps de s’occuper plus individuellement, dans leur cours, des élèves les plus en difficultés.
10) Renforcer le travail inter catégoriel et interdisciplinaire.
Pour le SNES, la classe de seconde doit devenir une classe de détermination ce qu’elle n’a jamais été, ouvrant sur le maintien de séries diversifiées, qui permettent à la fois l’acquisition d’une solide culture commune, réponde aux attentes des élèves et débouchent sur des perspectives de formation. La solution n’est pas dans l’atomisation des formations et l’individualisation des choix, mais dans une offre à la fois cohérente, claire et diversifiée. Rien ne prouve l'efficacité d'un découpage des enseignements en modules semestrialisés. Le SNES refuse la semestrialisation et la modularisation de l'ensemble des enseignements, ce qui tendraient à les dénaturer et qui s’inscriraient dans une logique de dérégulation de l’école et de casse des statuts des personnels. La question des passerelles est décisive car ce sont elles qui doivent donner la souplesse au système et rassurer des élèves peu désireux de figer rapidement leur choix d’orientation. Ce sera envisageable dans le cadre d’un travail approfondi mené en équipes au sein de la communauté éducative où la place des conseillers d’orientation psychologues doit être renforcée.
Ces quelques pistes, non exhaustives, montrent ce à quoi pourrait ressembler une réforme du lycée qui aurait vraiment à cœur de démocratiser l’école, de permettre à tous les élèves, quelle que soit leur origine sociale, de réussir à l’école. Il est urgent de mener le débat non seulement pour dénoncer la réforme Darcos qui n’est que reportée, mais aussi pour convaincre la profession, mais aussi et surtout les élèves et les parents de la pertinence de nos revendications. Une telle réforme doit aussi s’opérer dans le cadre d’une réflexion sur les missions du collège. C’est le sens que le SNES entend donner à la construction d’une culture commune.
commenter cet article …