Dans 8 jours la crise continuera, les politiques n’auront toujours pas décidé de se conduire en hommes d’Etat soucieux de l’intérêt général de leur pays et de leur peuple, les spéculateurs seront toujours en liberté.
Le PS sera toujours encombré d’ambitieux plus ou moins talentueux et sans autre visée que leur propre avenir ; pire, il n’aura pas même commencé une réflexion sur les moyens d’éviter le retour de la grotesque farce à laquelle le mode de sélection du candidat de 2007 avait contraint le seul parti capable de porter un espoir d’alternative réelle, au projet délétère de la droite unifiée.
Mais les Etats-Unis d’Amérique auront un nouveau président, probablement, sauf renversement de tendance d’ici là ou tricherie comme en 2000, le sénateur de l’Illinois, Barack Obama.
Serions-nous tous américains ?
Un certain nombre de nos compatriotes semblent persuadés que l’élection américaine, quel qu’en soit le résultat, ne changera rien de fondamental à la crise que connaît le système de production capitaliste ; le président semestriel de l’Union européenne, lors de son discours devant le parlement de Strasbourg, les a d’ailleurs confortés dans cette conviction, en affirmant péremptoirement que la cause de la crise était dans « la trahison des valeurs du capitalisme », et que personne ne remettait en cause « l’économie de marché ». Comme les discours dudit président paraissent nettement plus incisifs que ceux des chefs d’Etat ou de gouvernement des autres pays, on peut en effet en conclure qu’il traduit là l’intime conviction et le choix stratégique de ses homologues.
Et dans la campagne des élections américaines, nonobstant l’image plus « sociale », justifiée en général, des démocrates, nul n’a dit autre chose.
Mais une politique peut avoir des effets par le seul fait que celui qui l’incarne sorte de l’ordinaire : la confiance, nous dit-on, est nécessaire pour redonner de l’élan à l’activité financière, indissolublement liée à « l’économie réelle ». Les articles vipérins publiés ici et là, à propos de ce qu’il faut bien appeler l’affaire Strauss-Kahn, concernant le FMI et le rôle qu’il était destiné à jouer désormais, ont donné à cette assertion un certain poids d’effectivité potentielle ! A fortiori donc quand il s’agira de parler au nom de la plus grande puissance de la planète, tous critères confondus. A fortiori quand cette puissance est indubitablement à la source des excès que nous sommes appelés à payer à la place de leurs auteurs.
Or dans cette élection américaine là, précisément, il s’agit sans doute pour l’avenir de marquer fortement les esprits, de faire du nouveau président comme l’épiphane du changement : le storytelling que nous avons subi en guise de programme en 2007 en France, puisque le vrai programme de démolition « réformatrice » avait été occulté par la majorité des media, ne donne qu’une faible idée de la charge émotionnelle que les millions de la campagne d’Obama ont permis de préparer ; le risque est évidemment d’autant plus grand, si cet élan de confiance et d’empathie était trop tôt déçu.
Mais comment sous-estimer, même si telle ou telle série télévisée a permis d’imaginer la chose, l’impact mondial de l’élection comme chef de l’exécutif US d’une personne dont le physique affiche la parenté avec ceux qui ont été et sont encore les évidents damnés de la Terre ?
Les dérapages de ses concurrents, dans et hors de son parti, en ont fait, volens nolens, un porte–parole et la nation hétérogène qui, bien plus que de le proposer à la planète, passerait outre à ce paradigme, gagnerait ipso facto dans l’opinion publique mondiale un renouvellement de son leadership.
Quelle nation a réellement porté au pouvoir l’image de ses minorités ? Des esprits chagrins, xénophobes, voire antisémites diraient qu’avec Nicolas Sarkozy, la France a fait un bond dans cette direction ; mais une minorité « visible » constitue un bien meilleur modèle. Et Sarkozy n’est pas porteur d’un message de changement positif.
C’est donc bien l’universalisme qui serait ainsi conforté et ce que Tocqueville aurait sans doute mis sous le vocable du messianisme qu’il jugeait propre à la nation américaine. Qui penserait que notre président français est aujourd’hui le chantre d’un principe universel quelconque ?
Tout cela, dira le sceptique, pour un homme élu ? Oui, s’il est élu, ce sera pour cela, et pas seulement parce que son concurrent ne peut prétendre apporter une rupture avec les années de la présidence Bush and Co.
Quel changement ?
Le mauvais exemple français – rupture avec les principes de l’unité du peuple et de la redistribution équitable des richesses – pourrait faire penser que certains appellent changement ce qui sous une nouvelle livrée permet, en réalité, de ne pas changer de maître ; les outils utilisés jusqu’à présent pour sortir du problème créé par la cupidité « exagérée » d’acteurs incontrôlés du système, laisseraient assez facilement croire que, comme d’habitude, les bénéfices resteront privés et les pertes publiques.
L’économie est tout entière touchée et il est vrai qu’on n’a pas encore trouvé le moyen de financer des investissements de long terme en rémunérant, à 15 % l’an, des capitaux qui circulent dans une croissance économique 3 ou 4 ou 5 fois moindre ; alors folie des investisseurs, laisser-aller des politiques ou mécanisme du marché devant une forte demande de liquidités ?
Dans tous les cas cependant il est clair que la puissance publique, nationale ou internationale, qui autorise la fiabilité des échanges, y compris financiers, n’a pas joué son rôle ; le libéralisme a certes voulu faire croire qu’une autorégulation était possible, que des agences privées, clientes ou prestataires pour des entreprises qu’elles étaient chargées d’évaluer, fonctionneraient avec des règles prudentielles valides, que les conseils d’administration avaient effectivement à cœur de gérer au mieux les intérêts des actionnaires, que comme l’a avoué Alan Greenspan, les banquiers étaient les mieux placés pour défendre les intérêts de leur banque… mais cela ne peut faire oublier que le goût du lucre dans tous les pays touchés s’est aussi manifesté par des politiques fiscales anti-redistributives puisque marquées par une baisse de l’impôt sur le revenu dont les riches ont été partout les seuls vrais bénéficiaires ; curieusement, cela avait déjà été le cas dans les années qui ont précédé la crise de 1929 avec le même creusement des écarts entre les déciles les plus extrêmes des riches et des pauvres. La crise de 2008 n’a pas la même cause immédiate que celle de 1929, mais pour certaines parties de la population, les mêmes qu’en 1929, elle a des conséquences identiques. Chacun comprend en outre que le défaut de financement des services publics participe des mêmes choix.
Cela nous amène à quelques constats qu’on pourrait croire partagés : N.Sarkozy ayant annoncé son orientation au Parlement européen, il ne faut pas s’étonner de le voir poursuivre sa politique de privatisation tous azimuts et de casse des services publics ; comment comprendre que les décisions prises à propos de la crise, n’aient pas fait l’objet d’une réelle analyse critique par l’opposition ? Si au sein du PS, la préparation du Congrès a permis à des positions de ce type de s’exprimer, la direction du parti et les votes en séance du corps législatif n’ont rien indiqué d’aussi clair. Le mouvement social, le syndicalisme jouent leur rôle, nécessaire, mais ils ne peuvent masquer l’absence d’alternative politique et plus encore d’engagement massif pour en construire collectivement une crédible.
Les défaillances ou la complicité de la puissance publique ne sont cependant pas la seule cause possible d’étonnement ; nous avons plus ou moins tous appris qu’une crise touchant l’activité productive, l’emploi et la vie quotidienne de la majorité des citoyens, pouvait trouver des éléments de réponse dans des politiques de grands travaux, d’infrastructures, d’investissements durables pour lesquels la puissance publique donnerait en quelque sorte l’exemple, comme elle est capable de cautionner les activités financières. Les choses changent mais pas les nécessités du long terme.
En termes d’emploi, ces politiques sont efficaces puisqu’elles ne peuvent, pour l’essentiel, pas faire l’objet de délocalisations : en France, comme en Europe, comme aux Etats-Unis le développement de transports moins énergivores et moins polluants que la route ou la voie aérienne sont à la fois possibles et nécessaires ; dans le monde entier des réseaux de distribution d’eau, d’irrigation, de collecte d’eaux usées manquent ; rappeler que l’éradication définitive de la faim dans le monde coûterait 100 fois moins que les sommes immobilisées pour le système financier ne vise qu’à mettre en évidence que les priorités ne sont pas systématiquement correctement évaluées. Si le virtuel d’un côté, la puissance publique de l’autre, peuvent beaucoup, ils peuvent beaucoup dans plus d’un domaine. Nous ne sommes pas seuls à le dire.
L’Europe, et donc la France sont confrontées à un double défi : les Etats-Unis vont jouer une partition renouvelée, leur besoin de l’aide de l’Europe est moins grand que celui que l’Europe croit devoir à la leur, de nouveaux pays émergents, même touchés par la crise ont, dans cette occasion, pu rappeler que leur poids dans l’ordre du monde était appelé à croître. Alors ?
Prendre un risque ?
La gesticulation, le conformisme ou l’alignement ne sont donc pas des réponses appropriées pour le bien des Français ou des Européens ; il faut que la gauche, car il n’y a rien à attendre de la droite, soit capable de mettre en évidence que les mesures prises par des gouvernements réactionnaires ou libéraux, ce qui est le cas de la majorité en Europe, n’apportent que des réponses partielles et partiales ; il ne s’agit nullement de refonder le capitalisme, qui n’en a pas besoin, mais de faire avancer des propositions qui, au contraire montrent ses insuffisances originelles au regard de la tâche essentielle d’un système économique ou politique, la satisfaction des besoins et des désirs de la population, sa contribution au bonheur de l’humanité.
Sans utopie mobilisatrice, la gauche est morte ! Nous n’avons pas d’Obama en Europe, même si Wall street ne voit pas en lui un ennemi, mais nous disposons d’hommes capables de penser l’avenir et d’éviter qu’il s’assombrisse pour trop de gens. Même au PS, mais assurément pas dans toutes les motions !
JPB
Note non contradictoire avec ce qui précède!La FSU demande le retrait du projet de décret sur la « prime de fonction et de résultat ». La publication imminente du décret instituant une nouvelle prime dite « prime de fonction et de résultats » est annoncée par le ministre de la Fonction publique. Cette prime unique doit selon le gouvernement remplacer « le fouillis d'indemnités et autres bonifications ». Elle serait composée pour 60 % d'une part liée aux fonctions et pour 40 % d'une part « au mérite ». Le montant attribué à un agent peut varier de 1 à 12. Cette prime, si elle ne concerne dans un premier temps que les personnels de catégorie A a, selon les orientations ministérielles, vocation à être élargie à tous et à toutes les catégories. Pour la FSU, c'est en relevant suffisamment le traitement indiciaire que l'on doit et peut mettre fin au système actuel d'indemnités. La transparence des rémunérations y gagnerait indubitablement. Qui peut en effet croire, que l'individualisation recherchée par la PFR favorisera cet objectif démocratique de la transparence des rémunérations versées aux agents publics ? Du point de vue de la FSU, recourir à l'indemnitaire pour rendre attractifs des emplois difficiles ou des fonctions particulièrement exigeantes ne peut se concevoir que de manière limitée et en fonction de critères strictement objectifs. Il convient en effet d'agir en premier lieu sur les conditions et l'organisation de travail. La rémunération en fonction des résultats est source d'effets pervers contradictoires avec les exigences d'une administration au service de l'intérêt général. La première difficulté est celle de l'évaluation du travail et de ses critères. Le projet de décret la renvoie à la conviction du supérieur hiérarchique. Ce n'est pas ainsi qu'elle pourra être objectivée et incontestable. Et l'expérience montre que les femmes fonctionnaires risquent d'en être les premières victimes. La logique du mérite individuel oppose les personnels entre eux, censés se partager une enveloppe financière pré-établie, quand il conviendrait de développer le travail en équipe. Elle invite chaque agent à privilégier dans l'exécution de son travail les objectifs valorisés par la rémunération au détriment des autres et les tâches les plus rentables Cette logique est source de démotivation, voir de souffrance, pour les personnels jugés peu performants. Pour la FSU, l'évaluation des personnels doit déboucher sur des actions de formation, voire sur d'autres organisations du travail. Lui donner un caractère immédiat de sanction contrarie ces objectifs. La FSU demande l'abandon du projet de décret relatif à la PFR. Pour la FSU, le pouvoir d'achat des agents de la Fonction publique ne se garantit pas par des primes individualisées mais par une véritable revalorisation de la valeur du point d'indice. Elle revendique une réforme de la grille indiciaire tenant compte des fonctions exercées et des qualifications des personnels. Paris le 31 octobre 2008 |
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