Cette formule souvent utilisée pour marquer une empathie ou une solidarité lors d’une catastrophe ou d’un choc médiatique s‘applique parfaitement dans le cas préoccupant de la Belgique.
Le mythe du mérite
On parle d’intérêts économiques et culturels divergents entre flamands et wallons ; cela ne résiste guère à examen.
Quant à ce qui concerne la culture, la notion même d’intérêt ne paraît reposer sur rien de sérieux, sauf si l’on considère que telle ou telle partie de la population doit bénéficier d’un droit d’expression ou de création exclusif ; mais alors est-on encore dans le domaine culturel ?
Dans le domaine économique, transferts sociaux compris, qu’en est-il au juste?
Le système fiscal belge n’est pas réputé « spoliateur », nombre de patriotes français ayant cru devoir en profiter impunément ; ce ne sont pas les impôts directs, seuls « éprouvés » par un contribuable moyen qui peuvent faire croire à un Belge du nord qu’il finance ses compatriotes du sud.
Les multinationales installées depuis assez longtemps en Belgique n’ont pas spécialement opté pour le nord ou pour le sud ; sans parler de hasard, les infrastructures belges sont équivalentes sur tout le territoire et c’est plutôt la fermeture des industries anciennes du sud qui a créé un déséquilibre, qu’aucune politique d’aménagement du territoire n’est venue compenser à la hauteur du bouleversement provoqué par une mutation de cette ampleur; la France n’a pas fait mieux en Lorraine ou dans certains secteurs du Nord ou du Pas-de-Calais.
La prospérité relative de la Belgique du nord devrait-elle tout au seul mérite de ses habitants ?
Cela reste à démontrer car quel est l’effet d’entraînement pour des entreprises de sous-traitance ou de service, de multinationales qui précisément n’ont pas de patrie ? Cela peut se mesurer et la publication d’études sur ce point précis permettrait sans doute d’avoir une vision plus équilibrée des efforts des uns et des autres.
La majorité de la population active au nord comme au sud étant formée de salariés, la part personnelle de l’apport de chaque agent économique ne mérite aucune admiration particulière ; quant à l’esprit d’entreprise, il ne saurait être analysé en dehors du contexte économique global et local.
Mais tous les salariés de la Belgique du nord devraient se souvenir que le principe de la redistribution par les impôts est très précisément ce que les néolibéraux souhaitent remettre en cause au maximum : quand on commence d’y toucher pour des prétextes secondaires, il ne faut pas s’étonner de le voir remis en cause de manière plus radicale. Il n’y aura plus d’assistés, mais il y aura des pauvres !
Pour le reste, il serait sans doute opportun de rappeler que la main d’œuvre immigrée, y compris sans papiers, ce phénomène n’étant pas une spécialité française, a sa part dans la création de richesses ; pourrait-on affirmer sans risques d’être démenti que leurs conditions de vie, de travail, de respect de la part des habitants sont dignes d’éloge et peuvent être données en exemple?
Le premier dans mon village ?
Le meilleur état de santé économique du nord est surtout une réalité vécue par les détenteurs, là comme ailleurs des moyens de production ; or le patronat belge, y compris dans sa composante néerlandophone, est parfaitement conscient du fait qu’il existe une image positive de la Belgique et que rien ne prouve qu’un label Flandre serait plus porteur ; d’autant que sans être aussi intransigeant que la Grèce à propos de la Macédoine ex-yougoslave, le gouvernement français pourrait utilement rappeler qu’une province française, depuis Louis XIV, s’appelle ainsi !
C’est votre cousin qui est flamingant ? interrogeait Jacques Brel dans une de ses chansons voici quelques décennies ; le problème de la Belgique c’est aussi l’extraordinaire facilité donnée à un mouvement extrémiste pour « occuper » l’espace public.
Et sur ce point les coupables sont connus, ce sont, non pas les hommes d’état que la Belgique a su produire, mais les politiciens locaux multipliés sur les étages d’un système plus compliqué que complexe mais peu soucieux dès l’origine, de se poser la question de l’intérêt collectif des habitants du royaume.
Si en Belgique certains ne se pensent plus belges, c’est bien parce que de compromis en compromis, la mise en avant de ce qui distingue les belges du nord des belges du sud a été idéalisée puis sectarisée pour finir sclérosée. La sanctification de l’ethnicisme n’est nulle part un gage de progrès démocratique ou social ; est-il utile de le souligner ?
Mais que de fonctions à se partager, élus ou pas ! Les élections régionales intéressent davantage que les élections nationales, mais qu’est ce qui a poussé les partis belges à se transformer en partis flamands et en partis wallons, et ainsi de limiter la capacité commune d’expression politique de tous les belges ? Par quelle aberration, un principe, celui de la langue s’est-il substitué de manière contrainte à celui de la nationalité ?
On nous dira peut-être que le cumul des mandats en France n’est sans doute pas le meilleur critère pour permettre de juger du bien et du mal chez les autres ; peut-être même que le silence assez général des politiciens français sur la situation de nos voisins et proches cousins signifie qu’ils ont eux-mêmes un peu perdu de vue les fondements de leur propre nation
Mais que diable, Reims fut bien assez longtemps la métropole de la Gaule belgique pour que nous sentions concernés !
Pour l’heure en tout cas, sauver l’Etat belge, c’est éviter l’apparition d’un système politique dont la dimension sociale est a priori exclue ; aucun citoyen européen n’y aurait intérêt.
JPB
Notre ami Pierre Assante est un militant du PCF. il contribue à la préparation du congrès de ce parti. Nous ne sommes pas de ceux qui lui feraient reproche de travailler sur la base théorique qui explique les mécanismes, les stratégies et les choix.
Pour comprendre la situation politique il faut comprendre aussi la situation du capital. C’est ce que j’essaie de faire en y venant et y revenant, et m’excusant de taper sur ce clou si fréquemment. LA MESURE DE LA QUANTITE DE VALEUR est au cœur de la transformation sociale.
La plupart des interventions préparatoires au congrès portent sur les derniers développements politiques et sociaux en France. Elles se réfèrent aussi souvent de l’état économique et social du monde pour le mettre en parallèle à l’état politique de la France (les « difficultés italiennes » sont d’ailleurs très éclairantes pour la situation politique générale). C’est nécessaire et utile. Poursuivre l’analyse du capital est aussi nécessaire et utile.
Revenons-en au capital. Comme l’adulte hérite de son enfance, le capital a hérité de son développement originel, et la production de nos subsistances d’aujourd’hui qui fait appel à des techniques nouvelles, reste le corps de cet enfant-capital et non un corps d’une « espèce nouvelle ». Le capital poursuit son processus jusqu’à ce qu’il y ait pourrissement-transformation-naissance d’un nouveau mode de production. Ce nouveau mode de production est en gestation dans le processus de notre mode de production actuel.
Reprenons les exposés précédents, en résumé : Pour produire et échanger la production, assurer les subsistances dans un système marchand, il a fallu une mesure quantitative de la valeur des marchandises. Ne reprenons pas ici l’histoire des échanges et leur transformation jusqu’au capitalisme et jusqu’à la forme actuelle du capitalisme, avec les techniques informationnelles en rapport dialectique avec la généralisation de la mondialisation.
La « dissolution » de la mesure de la valeur marchande à travers les multiples distorsions qu’elle subit n’est pas une infirmation des lois tendances du capital, du concept et de la réalité de Temps de Travail Moyen Socialement Nécessaire à la production d’une marchandise (TTSN), qui ne peut pas en système capitaliste, celui où nous sommes, ne pas entrer dans la mesure de la valeur, ni une infirmation de la baisse tendancielle du taux de profit, de la suraccumulation et dévalorisation du capital. Voir http://alternativeforge.net/spip.php?article1304 : « Formation de la valeur marchande (valeur d’échange). Mesure de la quantité de valeur, mesure quantitative de la valeur.Mesure quantitative et transformation de la qualité de l’échange. Et le débat sur la situation politique et les remèdes à lui apporter. P.A., 27/O7 08 »
La distorsion de la valeur marchande (valeur marchande telle que définie par les tendances formulées par Marx) est l’indication de la crise systémique dans les bases profondes, vitales, du capital, l’indication de la nécessité de changer de mesure. C'est-à-dire qu’on ne peut résoudre cette contradiction de la mesure quantitative de la valeur que par et dans une autre mesure quantitative, dans une transformation qualitative de la mesure des échanges, les besoins et non le profit (rappel du mode de production et d’échange actuel : Argent, Marchandise, Plus d’argent, A-M-A’).
Cette transformation qualitative ce n’est pas la transposition dans un autre contexte de la mesure actuelle de la quantité, mesure de la valeur de la marchandise. Cela ne serait pas une transformation qualitative mais un décalque figé de l’histoire. C’est bien là la difficulté de dénormaliser et renormaliser avec et dans la « réalité matérielle et morale » opération sans laquelle il n’y a pas transformation mais fossilisation et mort d’un système et de tout ce qu’il contient.
Les couches dominantes sont incapables de cette dénormalisation renormalisation en mouvement parce que dans leur « fonctionnement » elles considèrent l’humain et les pratiques du moment comme un phénomène d’ordre « physique naturel ». Elles confondent science et idéologie. Leurs intérêts sont liés à cette conception et cette confusion. Elles nient la lutte de classe. Le « monde du travail », « l’homme producteur », le salariat, conserve donc toute sa responsabilité de libérer la société en se libérant.
Cette « dissolution » de la mesure quantitative de la valeur d’échange où le temps de travail est et n’est pas l’unité de mesure, confirme « l’aufhebung » hégélien et marxiste, le « dépassement » du capitalisme décrit par Lénine dans « Impérialisme, stade suprême du capitalisme ».
Engels nous rappelle que : « La conception matérialiste de l'histoire part de la thèse que la production, et après la production, l'échange de ses produits, constitue le fondement de tout régime social, que dans toute société qui apparaît dans l'histoire, la répartition des produits, et, avec elle, l'articulation sociale en classes ou en ordres se règle sur ce qui est produit et sur la façon dont cela est produit ainsi que sur la façon dont on échange les choses produites. En conséquence, ce n'est pas dans la tête des hommes, dans leur compréhension croissante de la vérité et de la justice éternelles, mais dans les modifications du mode de production et d'échange qu'il faut chercher les causes dernières de toutes les modifications sociales et de tous les bouleversements politiques; il faut les chercher non dans la philosophie, mais dans l'économie de l'époque intéressée. Si l'on s'éveille à la compréhension que les institutions sociales existantes sont déraisonnables et injustes, que la raison est devenue sottise et le bienfait fléau, ce n'est là qu'un indice qu'il s'est opéré en secret dans les méthodes de production et les formes d'échange des transformations avec lesquelles ne cadre plus le régime social adapté à des conditions économiques plus anciennes. Cela signifie, en même temps, que les moyens d'éliminer les anomalies découvertes existent forcément, eux aussi, - à l'état plus ou moins développé, - dans les rapports de production modifiés. Il faut donc non pas inventer ces moyens dans son cerveau, mais les découvrir à l'aide de son cerveau dans les faits matériels de production qui sont là. Quelle est en conséquence la position du socialisme moderne ?....... »
Nous sommes dans cette phase ultime du capitalisme. Dans la forme ultime de cette phase qui passe par le CME (capitalisme monopoliste d’Etat) puis dans laquelle l’Etat se mondialisme, entre en phase de dépassement, est et n’est plus national, se renforce et se dissout à la fois.
Mais malgré cette phase « finale », le capitalisme détient les moyens techniques, militaires, idéologiques de répression de toute velléité de construction consciente et collective sociale. Rappelons-nous ces évènements oubliés du massacre des communistes du Soudan ou d’Indonésie, des leaders de la décolonisation comme Lumumba qui refusaient la transformation de l’indépendance en dépendance économique nouvelle et tant d’autres exemples. « Tout changer pour que rien ne change ». Cette situation de blocage relatif nous a amenés à renforcer nos propres blocages : et c’est en ça que nous devons repenser au programme de Gotha. La plupart de nos interventions, posent des questions justes, font des propositions judicieuses, mais tombent dans le même travers : l’expérience partielle des uns et des autres et une absence de synthèse découlant de connaissances partielles, limitées, des lois de notre société. Cela peut faire un bilan sur le parti, sur la société, mais pas un programme de transformation.
Dans une situation d’ordre « militaire » imposée par le capital, le « faible » ne peut gagner par « la force ». Sa force ne peut que se situer prioritairement dans la bataille idéologique, même si là aussi, la « force » du capital s’exerce sur les médias. C’est l’utilisation de la démocratie limitée nécessaire au marché, au capitalisme qui est l’interstice dans laquelle l’action de transformation peut s’exercer.
Notre presse reste encore notre réponse essentielle à notre besoin et d’information et de débat et de décision d’action dans tous les domaines qui font l’unité de l’activité du corps-soi social, travail, institutions, activités « symboliques ». Elle est cette réponse essentielle parce qu’elle peut centraliser démocratiquement les éléments essentiels d’information et de débat et de décision. Parce qu’elle est un lieu de construction de cohérence et de proposition.
A condition qu’elle le reste et renforce cette orientation fortement menacée : une agitation désordonnée n’est pas un mouvement. Un mouvement est donné par une orientation, au sens premier, physique du terme, qui dans le cas humain est bien sûr un mouvement de pensée, inséparable, en unité organique du mouvement de la vie humaine. Cela ne veut pas dire que le mouvement doit être « unique, composé d'une seule force », mais que la composante des forces infinies et infiniment diverses aboutisse à un choix de mouvement qui préserve la vie de l’espèce dans et avec son environnement naturel. La santé du corps social dépend de la santé de son activité qui est faite d’une « orientation » constituée d’une multitude « d’orientationS ».
Le capital aura réussi son blocage mortel de la société s’il réussit à maîtriser totalement toute autre forme d’expression que la sienne.
« Que faire ? », « un journal ! » disait Lénine. Dans l’atroce affrontement de la lutte de classe, la forme extrême qu’il a prise dans le conflit « Hitler-Staline », et dans laquelle les communistes ont été décimés encore plus fortement et mondialement que dans les évènement de « La commune de Paris », le marxisme n’est en rien la matrice des crimes, des violences et des répressions extrêmes. Il en est même le remède, dans cette maladie de la société qu’est le capitalisme agonisant. Se priver du remède serait dramatique pour la survie de l’espèce et son plaisir de vivre.
Dans une société divisée en classes sociales dont les intérêts sont opposés, il y a une idéologie attachée à chacune de ces classes et opposée à l’autre, entre elles. L’idéologie de la bourgeoisie, celle des pouvoirs et de la gestion des groupes financiers et industriels et l’idéologie des salariés, ne sont solubles l’une dans l’autre qu’au profit de la première et cette solution a pour conséquence le blocage de la société, relatif ou absolu. Pour qu’il y ait lutte idéologique, il faut définir l’idéologie de l’adversaire et (re)construire la notre. Une classe sans idéologie est une classe soumise. Soyons prêts pour répondre à l’aggravation de la crise et ses effets. Ce n’est pas la souhaiter mais tenir compte d’une probable éventualité. Dans une société sans classe, il n’y aura plus d’idéologie, mais des sciences et une science en mouvement. Ni plus de salariat, mais un libre échange de l’activité humaine et l’humain sera la conscience de la nature sur elle-même.
Dès les manuscrits de 1844, Marx souligne les effets de la dépossession de l’homme de son œuvre par le capital. La crise générale de l’économique aujourd’hui à son comble est « doublée » d’une crise morale sans précédent. La transmission générationnelle des savoirs et des comportements est en crise parce que les décisions échappent au monde du travail. Le capital prive l’humanité, la personne et le travailleur du choix de « que produire et comment produire », le travail est privé du « bout de ses actes ». C’est un droit à reconquérir. Dans le livre I du capital Marx décrit comment l’industrialisation capitaliste conquiert sa puissance de production : libération du travail de la « force biologique », de « l’adresse de l’artisan », de « l’initiative de l’opérateur exécutant », avec ce que cela induit dans l’explosion des forces productive mais aussi de l’aliénation de l’homme producteur. Evidemment il ne s’agit pas de retourner à l’artisanat pour la grande production sous prétexte de retrouver le bout de ses actes dans son travail. La libération du travail par le communisme, l’activité libre pourvoira au besoin humain de création élargie.
On ne peut penser transformation sociale sans penser TRAVAIL. Lorsqu’on veut parler TRAVAIL, penser TRAVAIL, on ne peut pas ne pas avoir en arrière-plan les notions élémentaires d’évolution de l’activité humaine, de l’HOMO HABILIS à l’industrialisation (en passant par l’invention de l’agriculture) sous la forme actuelle du capitalisme, informationnel, mondialisé. On ne peut pas ne pas faire le lien entre le travail, l’outil, les techniques et les « formes de pensée » induites. Cet arrière plan permettant d’entrer dans l’étude micro et macro du travail ne peut non plus contourner la question de la production, de la distribution, de la consommation, c'est-à-dire la production en tant qu’échange et ses diverses formes vécues et possibles.
Pierre Assante, le 6 août 2008.
Le fascisme, c'est un capitalisme qui ne se contente plus des libertés que le libéralisme lui donne.
Il ne suffit pas de se déclarer antifasciste. Comme pour le racisme, le machisme, etc., il faut savoir ce que c’est. Par exemple se déclarer non macho et ne pas partager les tâches ménagères, sauf cas rare d’extrême impossibilité, est une déclaration d’anti-machisme de pure forme. De même se déclarer anti-fasciste et s’accommoder de l’emprise du capital dans tous les domaines de la vie, c’est être le voleur qui crie au voleur, le criminel qui accuse la victime. Dans cette réalité le rapport des « couches moyennes » aux « subalternes », les oppositions entre dominés résultant de la division du travail, c’est fondamental.
Jouer avec le mot fascisme c’est jouer avec le feu. Alerter d’un danger doit être à la fois un cri et une mesure à ne pas dépasser sous peine de l’effet inverse à celui recherché.
Le fascisme, c’est un capitalisme qui ne se contente plus des libertés que le libéralisme lui donne.
Qui ainsi tord ses propres lois économiques et institutionnelles. Chacun peut connaître, s’il le veut bien, les tractations qui ont eu lieu entre les N.A.Z.I. et le patronat allemand pour permettre l’accession d’Hitler au pouvoir, et sans lesquelles il n’y serait pas parvenu. Tordre ses propres lois économiques et institutionnelles, c’est une pente et un processus qui peut devenir incontrôlable et peut s’accentuer rapidement d’une façon vertigineuse.
Le Second Empire est un coup d’État qui survient dans une phase ascendante de l’accumulation capitaliste qui n’est pas encore dans une phase de crise aiguë de suraccumulation et de dévalorisation du capital.
Le coup d’État actuel utilise des formes qui évoquent ce coup d’État. Mais il a lieu dans une réorganisation non d’un marché national en processus avancé de mondialisation (celui de Napoléon III), mais d’un marché mondial en phase terminale et en crise aiguë de suraccumulation et de dévalorisation du capital.
Le fascisme, en tant que « variété » de mode de production (un sous-mode du capitalisme) dans le mode de production capitaliste et ses institutions, a des formes historiques diverses. Elles n’ont pas été les mêmes en Allemagne, en Italie ou en Argentine, etc..
Les outils de la privation des libertés, prison, torture, camps, sont les outils historiques du fascisme.
Le libéralisme qui a besoin de se dépasser ne se contente pas de rompre ses propres règles, il en crée de nouvelles qui vont s’opposer par le volontarisme à sa propre réalité. Le nazisme a régné 12 ans. C’était le temps nécessaire à la vie de cette forme de réponse du capitalisme à sa crise, et aux destructions nécessaires à ce type de réponse. Ç’aurait pu se passer de façon différente. Rien n’est pré-déterminé. Nécessité et liberté sont contenues l’une dans l’autre, ne sont pas des abstractions, mais des processus. Mais l’entrée en guerre du capital contre le nazisme, même si elle comporte aussi des éléments humains de solidarité et d’initiative populaire, comme dans tout événement humain, a été déterminée en dernière instance par les besoins propres du capital.
Lequel se serait bien accommodé, dans cette affaire, de la destruction de cette forme pervertie d’opposition à sa domination que constituait le pouvoir stalinien.
Lequel pouvoir stalinien d’une façon ambiguë et contradictoire comportait aussi une construction économique tendant à soutenir un mouvement social de remplacement de la mesure de la valeur des marchandises par la mesure des besoins. En tant qu’héritier dévoyé et criminel du mouvement « d’abolition de l’état des choses existant ». Mouvement qui pouvait se poursuivre non par l’effondrement de l’Union Soviétique, mais par sa démocratisation, n’en déplaise aux « croyants » de son impossibilité. Possibilité découlant de ses origines de départ, origines saines. Origines scientifiques et humanistes, humanistes et scientifiques.
Ainsi, l’outil de la privation des libertés (prison, torture, camps, outils historiques du fascisme) n’est indispensable qu’en tant qu’outil historique à ce type de domination dans ces conditions historiques. Ces outils historiques peuvent être substitués par d’autres outils historiques, et cela dépend essentiellement du degré historique de développement technique du capital. Et la privation de liberté peut ainsi prendre d’autres formes qui permettent au capital de créer les conditions économiques propre au fascisme, c’est-à-dire les conditions d’un capitalisme qui ne se contente plus des libertés que le libéralisme lui donne. Qui ainsi tord ses propres lois économiques et institutionnelles.
Les techniques d’étouffement des initiatives populaires sont arrivées aujourd’hui à un degré de perfectionnement inouï. D’autres ont développé la description de ces techniques, je ne le ferai pas ici.
L’opposition à « l’esprit d’entreprise » ne peut plus, en ce moment, s’exprimer que par une ghettoïsation de l’opposition soit dans des formes minoritaires de l’opposition claire, scientifique, au capital, (à l’opposé d’un « programme de Gotha » ressuscitant sans cesse), soit dans cette une « ghettoïsation majoritaire » encore plus significative de la crise, consistant en un retrait massif de la politique et une résignation aussi massive des populations qui s’expriment par le NON. Phénomène contraire à la tradition issue de la révolution française.
Ainsi vouloir répondre par le rassemblement de la gauche de la gauche et non par une vague de fond de toutes les forces populaires, avec, mais aussi au-delà des appareils, est absurde. Et une vague de fond ne peut se construire que par une réponse au capital, c’est-à-dire non par un sentiment empirique de ses effets, mais en exprimant en quoi et par quoi la crise est insoluble sans une transformation qualitative de l’organisation du travail, de la production, des institutions devant les coordonner. De la cohérence du travail au niveau de la personne et au niveau de la cohérence globale du travail, en rapport dialectique.
Ceci est le rôle d’un parti communiste, non en opposition avec les autres forces allant dans le sens de la construction de cette vague de fond, mais en complémentarité, avec son rôle spécifique indispensable. Ceci n’est pas une vision étroite « d’avant-garde » qui dirige les autres. C’est la vision de la transmission par les éléments les plus avancés de la société qui se regroupent pour assurer moyens et cohérence à cette expression. Ainsi recourir aux « fondamentaux » et les développer est essentiel, sans quoi rassembler les éléments les plus avancés ne serait qu’une formule.
Le libéralisme a besoin de se dépasser et tente de se dépasser, mais son dépassement n’est possible que dans un autre mode de production, ce que ses représentants et gestionnaires ignorent et que le salariat doit savoir.
Pierrot Assante, 8 août 2008
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